35.
Vous invoquez un passage de l'Apôtre, sauf,à lui donner, non pas le sens qu'il a, mais celui dont vous avez besoin pour votre cause. Voici ce passage. «Comment Dieu serait-il le juge du monde? Mais si, par mon mensonge, la vérité de Dieu a éclaté davantage pour sa gloire, pourquoi me condamner encore comme pécheur ? » Vous ajoutez: «Par tes paroles, l'Apôtre affirme que Dieu a perdu l'autorité pour juger, s'il n'a pas conservé le pouvoir de commander». Si donc, comme vous le pensez, «l'Apôtre a tenu ce langage pour confondre ceux qui affirmaient que Dieu se trouve glorifié par les péchés des hommes, et qu'il a commandé des choses impossibles, afin de préparer un vaste champ à sa miséricorde; si ce passage de l'Apôtre prouve », comme vous le croyez, «que les hommes sont légitimement condamnés quand ils ont violé des préceptes qu'ils pouvaient accomplir, tandis que ce serait une injustice de les juger pour des oeuvres dont l'accomplissement ne leur était pas possible »; que direz-vous d'Isaac à qui n'avait été imposé nul commandement soit possible, soit impossible, et qui cependant aurait été condamné sans retour, s'il n'avait pas été circoncis le huitième jour? Vous ne voulez donc pas comprendre que dans le paradis terrestre il avait été donné un précepte possible et facile dont la violation, par le premier homme, a fait de tous les autres hommes comme une masse de péchés par le fait seul de leur origine ? Et tel est « ce joug accablant qui pèse sur les enfants d'Adam, depuis le jour où ils sortent du sein de leur mère, jusqu'au jour de leur sépulture dans les entrailles de la terre1 ? » Comme personne n'échappe à cette condamnation originelle, à moins qu'il ne soit régénéré en Jésus-Christ, Isaac lui-même aurait infailliblement péri, s'il n'avait reçu le signe de cette régénération ; et sa mort n'eût été que justice, puisque, sans le signe de la régénération, il serait sorti de cette vie victime de la condamnation dont il était frappé en y entrant. Ou bien, s'il y a une autre cause, faites-nous-la connaître. Dieu est bon, Dieu est juste ; parce qu'il est bon, il peut délivrer les uns sans aucun mérite de leur part; et parce qu'il est juste, il ne saurait condamner personne s'il ne trouve en lui quelque démérite. Or, un enfant de huit jours ne saurait avoir démérité par des péchés propres et personnels; donc, si vous prétendez qu'il n'était coupable d'aucun péché originel, dites-nous d'où pouvait lui venir cette con. damnation à laquelle il n'a échappé que par la circoncision ?
Eccli, XL, 1. ↩
