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Et cependant, vous vous enflammez de colère, parce que j'ai dit: «Telle est cette honteuse concupiscence impudemment louée par des hommes impudents1 ». Arrivée à son comble, la colère aidée de cet orgueil qui tend sans cesse à s'élever, vous rend assez insolent pour soutenir que si vous niez l'existence du mal dans la nature humaine, ce n'est qu'en vous appuyant sur le témoignage des saintes Ecritures et de la saine raison, et pour inspirer aux hommes un désir plus ardent de se livrer à la pratique des vertus. Vous voudriez persuader à tous que la vertu n'a point de sommet si élevé qu'on ne puisse y parvenir, sans aucune intervention du secours et de la grâce de Dieu. Si vous soutenez que notre chair n'est point nécessairement mauvaise, c'est afin », dites-vous, «que chacun se sentant créé dans le bien, rougisse profondément à la seule pensée d'une vie mauvaise, et qu'ainsi la honte secoue la paresse et réveille le secours de notre noblesse originelle » . Vous ajoutez mille autres choses semblables que vous déroulez à grands flots d'éloquence, et que vous lancez comme alitant de glaives contre nous, quand vous vous écriez que nos dogmes n'ont qu'un résultat infaillible, le renversement de toute sainteté, la « flétrissure de la pudeur et la perversité des mœurs »: Vous me défiez même « de pouvoir le nier, moi qui », dites-vous, «voudrais faire retomber sur la nature les souillures de la vie, de manière à détruire jusqu'à la crainte, cette dernière ressource des pécheurs ». En face de tant d'obscénités, je me console à la pensée des injures déversées contre les Apôtres et contre les saints, et surtout je rap. pelle souvent à ma pensée cette parole de Paul, ce vase précieux de l’Eglise de Jésus-Christ : «Je ne fais pas le bien que je veux; et je fais le mal que je hais2 ».
