37.
J'admire vraiment les efforts que vous tentez, pour tirer de cet exemple que vous citez des conclusions dont vous comprenez vous-même l'excentricité, tandis que vous n'y voyez pas ce que vous ne voulez pas entendre. Vous essayez de nous faire croire qu'à la prière d'Abraham la passion fut rendue aux femmes d'Abimélech, puisqu'il est écrit : «Le Seigneur avait rendu impuissantes toutes les femmes de la maison d'Abimélech, à cause de Sara l'épouse d'Abraham1 ». De là vous voudriez tirer cette conclusion, que toute concupiscence avait été retirée à ces femmes par le courroux de Dieu; tandis que le texte, lui-même indique clairement qu'il s'agit d'une impuissance à être connue ou à enfanter. Vous qui prétendez que personne ne peut être puni que pour ses propres péchés, et non pour les péchés d'autrui, vous ne vous êtes donc pas demandé comment il avait pu se faire qu'Abimélech péchât, quoiqu'il eût agi sans aucune pensée d'adultère, et comment Dieu avait pu exercer sur les femmes de ce prince une pareille vengeance pour une faute aussi légère ? Ce fait n'est-il pas une preuve de la transmission du péché de l'homme à ses femmes? et vous ne voulez pas admettre cette même transmission des parents aux enfants ! Comprenez donc combien est insondable la profondeur des jugements de la sagesse et de la science de Dieu2, et cessez de déclamer contre les mystères du péché originel.
