51.
Il suit de là que le mariage est bon en tant que mariage, et que l'homme, en tant qu'homme, qu'il naisse du mariage ou de l'adultère, est bon en lui-même, car, comme homme, il est l'oeuvre de Dieu ; et cependant comme il naît avec et de cette concupiscence mauvaise dont pourtant la pudeur conjugale fait un bon usage, il est absolument nécessaire que l'homme trouve dans la régénération le remède à cette transmission du mal. Pourquoi donc me demandez-vous où est le « mal originel», quand vous avez pour vous répondre cette concupiscence contre laquelle vous combattez, alors même que vous la comblez d'éloges? Pourquoi demandez-vous comment l'homme créé par Dieu peut être «sous le joug du démon ?» Ce n'est pas Dieu qui a fait la mort, comment donc l'homme y est-il soumis ? Vous demandez également a ce que le «démon peut trouver dans l'homme qui lui appartienne, puisqu'il n'est l'auteur ni de l'homme lui-même ni des causes immédiates a qui l'ont produit ». En lui-même et dans sa cause immédiate l'homme est bon, car à aucun de ces deux points de vue il n'est l'oeuvre du démon, mais c'est le démon qui a semé le vice dans la semence. Du bien qui lui appartienne il n'en trouve aucun dans l'homme, car aucun n'est son oeuvre; mais il se reconnaît l'auteur du mal contre lequel nous combattons l'un et l'autre, et qui, par conséquent, ne saurait être loué par aucun d'entre nous. Voyez maintenant ce qu'il faut penser de cette question que vous me faites : «Parmi tant de biens dont les enfants sont comblés, d'où peut leur venir le mal?» quand surtout vous passiez sous silence, et à dessein, les preuves que j'énumérais dans le livre auquel vous répondez, et ces paroles mêmes de l'Apôtre : «Le péché est entré dans a le monde par un seul homme, et la mort a par le péché, et c'est ainsi que le péché est a passé dans tous les hommes par celui en qui tous ont péché1 ». Ce langage était trop explicite pour que vous permettiez à vos lecteurs de le méditer, dans un moment sur. tout où vous aviez besoin qu'ils ne se rendissent pas compte de leur foi et qu'il ne fussent pas saisis de dédain pour votre argumentation.
Rom. V, 12. ↩
