8.
Quant à la question du baptême, sur laquelle volis nous accusez auprès des ignorants d'avoir amoncelé nos mensonges, on ne saurait croire avec quelle adresse vous l'esquivez en soutenant que le baptême doit être conféré aux enfants; parce que, dites-vous, la grâce du baptême ne doit pas être soumise aux caprices des événements, et qu'elle dispensé toujours ses dons selon la capacité de ceux; qui les reçoivent. Voilà pourquoi, dites-vous, Jésus-Christ, qui est le rédempteur de son propre ouvrage, comble; son image de largesses toujours nouvelles, et ceux qu'il avait faits bons en les créant, il les rend encore meilleurs en les renouvelant et en les adoptant. Telle est donc l'unique raison pour laquelle vous ne croyez pas devoir faire de la collation du baptême l'objet d'une querelle spéciale? Est ce que quelqu'un d'entre nous a jamais soutenu que vous niiez la nécessité de conférer le baptême aux enfants ? Vous ne dites pas qu'on ne doit point les baptiser; mais, donnant un libre cours a votre haute sagesse,. voici quelques, unes des merveilles que vous exprimiez : Les enfants sont baptisés, mais non sauvés, dans le Sacrement du Sauveur ;ils y sont rachetés, mais non délivrés; ils sont lavés, .mais non purifiés; ils reçoivent le souffle et l'exorcisme, mais ils ne sont pas arrachés à la puissance du démon. Telles sont vos prodigieuses maximes; les mystères inattendus formulés par vos dogmes nouveaux, les paradoxes inventés par les hérétiques Pélagiens et qui laissent loin derrière eux les sophismes des philosophes stoïciens. Puisque tel est votre langage, c'est que vous craignez de nous entendre vous répondre : Si ces enfants sont sauvés, qu'y, avait-il donc en eux de malade ? s'ils sont délivrés, à quelle servitude étaient-ils enchaînés? s'ils sont purifiés, de quelle souillure étaient-ils couverts ? s'ils sont mis en liberté, pourquoi étaient-ils sous le joug du démon? ce ne peut. être par l'effet de leur iniquité personnelle, mais uniquement par suite de la transmission de ce péché originel dont vous niez l'existence. Tout cela, vous le niez, non pas sans doute pour affirmer que ces enfants ne sont ni sauvés, ni délivrés, ni purifiés, ni soumis à aucun ennemi; car au tribunal d'un juge véritable, votre témoignage, d'une fausseté évidente, de quel secours peut-il être pour eux ? Mais dussent-ils rester à tout jamais dans leur vétusté mauvaise, peu vous importe, pourvu que vous suiviez les errements de votre vaine nouveauté. Sache donc que la vérité n'est point de votre côté, mais du côté de Celui qui a dit : «Celui qui ne renaît pas de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu1 ».
Jean, III, 5. ↩
