1.
Avant-hier, autant que vous daignez vous en souvenir, nous vous avons largement rassasiés. Mais comme après un long discours, vous ne laissiez pas de témoigner une grande avidité, nous n’avons pas voulu aujourd’hui refuser l’acquittement de notre dette, afin de joindre à cet acquittement le gain que nous espérons en tirer. Le psaume qu’on vient de lire est plein de figures et de mystères, et demande non-seulement de notre part, mais aussi de la vôtre, une attention soutenue. A la rigueur, cependant, on pourrait donner à ce qu’il contient un sens littéral et religieux à la fois. On y retrouve en effet, sinon toutes les merveilles du Seigneur, du moins ces oeuvres connues de tous ceux qui les voient, et qui, dans ces merveilles qu’il a faites, merveilles visibles, savent lire ses merveilles invisibles1. Nous y voyons un grand ouvrage, la création du ciel et de la terre, et de tout ce qu’ils renferment; et la grandeur et la beauté de cette création nous font sinon voir l’ineffable grandeur, l’ineffable beauté du Créateur, du moins l’aimer. Ce divin ouvrier, que notre coeur n’est pas encore assez pur pour contempler, ne cesse de remettre ses oeuvres devant nos yeux, et par ces merveilles que nous pouvons découvrir, de stimuler notre amour envers celui que nous ne pouvons voir, afin que nous méritions de le voir un jour. Toutefois, dans tout ce que nous lisons, il faut chercher un sens spirituel, et avec le secours de Jésus-Christ, vos désirs m’aideront à sonder ces mystères, et seront comme autant de mains invisibles, frappant à la porte invisible aussi, afin qu’elle s’ouvre invisiblement, que vous y entriez invisiblement, et que vous soyez invisiblement guéris.
Rom. I, 20. ↩
