6.
Donc, ô mon âme, tu ne peux être belle, qu’en faisant l’aveu de ta laideur à celui qui est toujours beau, et qui, pour un temps, ne l’a pas été pour toi; qui ne l’était point quand il avait la forme de l’esclave, et qui était beau néanmoins dans la forme de Dieu. Tu es donc belle, ô sainte Eglise, et c’est toi que le Cantique des cantiques proclame «la plus belle des femmes1 ». C’est de toi qu’il est dit: « Quelle est celle-ci qui s’élève dans cette blancheur2? » Qu’est-ce à dire e dans cette e blancheur? » Dans cette lumière, car cette blancheur n’est pas le fard dont se servent les femmes qui veulent paraître ce qu’elles ne sont point ; elle n’est point blanche à la manière d’une muraille blanchie3? car toute muraille blanchie sera détruite4, a dit l’Apôtre, c’est-à-dire l’hypocrisie et la dissimulation. Une muraille blanchie n’est un toit qu’au dehors, une boue au dedans. Ce n’est point ainsi que l’Eglise est blanchie; elle est blanchie parce qu’elle est illuminée, car elle n’est point blanche d’elle-même. « J’ai été tout d’abord un blasphémateur5», dit saint Paul; et encore : « Nous avons été nous-mêmes, par nature, enfants de colère, ainsi que les autres6 ». La grâce est donc venue nous éclairer et nous blanchir: ainsi donc, ô sainte Eglise, vous avez été noire, et la grâce vous a blanchie: « Vous étiez autrefois ténèbres, et maintenant vous êtes lumière en Jésus-Christ7 ». C’est donc de vous qu’il est dit: «Quelle est celle-ci qui s’élève dans sa blancheur? » La voilà dans sa beauté, on peut à peine la contempler. Aussi l’on dit avec admiration : « Quelle est celle-ci qui s’élève dans sa blancheur»; avec tant de beauté, tant de lumière, sans ride et sans tache8? N’est-ce point celle qui gisait dans le bourbier de l’iniquité ? N’est-ce point celle qui gisait dans la fange de l’idolâtrie? N’est-ce point celle qui était souillée par toutes les convoitises, tous les désirs charnels? « Quelle est donc celle-ci qui s’élève dans sa blancheur?» Vois celui qui pour elle est devenu sans apparence, sans beauté, et tu comprendras qu’elle ait tant d’éclat. Si tu es surpris de l’humiliation à laquelle son Epoux s’est réduit pour elle, ne le sois point de la gloire où elle est élevée à cause de lui. Quel n’est point le bonheur de cette Epouse éclatante de blancheur, puisque tendant qu’elle était noire, elle a pu enfanter l’Epoux éclatant de beauté qui est mort pour les impies? Donc, le Seigneur notre Dieu s’est revêtu de confession et de beauté, en se revêtant de l’Eglise: car l’Eglise est confession et beauté. Confession d’abord, beauté ensuite; confession des fautes, beauté dans les bonnes oeuvres, « Vous vous êtes revêtu de confession et de beauté ».
