4.
« Vous vous êtes revêtu de confession et de beauté ». Le Prophète place avant la beauté la confession, qui est la beauté dans la beauté même. Tu veux la beauté, ô mon âme, et tu as raison. Mais pourquoi chercher la beauté ? Afin d’être aimée de l’époux dans ta laideur tu ne peux que ici déplaire. Qu’est-i1 en effet lui-même ? « Il surpasse en n beauté les enfants des hommes ». Dans ta laideur, veux-tu donc embrasser un époux si beau ? Mais tu ne considères point que tu es couverte d’iniquité, « tandis que la grâce est s répandue sur ses lèvres ». Car c’est de lui qu’il est dit : « Il surpasse en beauté les enfants des hommes, la grâce est répandue sur mes lèvres : et pour cela les jeunes filles l’ont aimé1 ». Cet époux est donc beau, il est plus beau que « les enfants des hommes», et quoique fils de l’homme, il surpasse « les enfants des hommes». Est-ce à lui que tu veux plaire, ô âme humaine, ô unique. Choisie entre tant d’autres ? ici entendons l’Eglise dont les membres n’ont en Dieu qu’un coeur et qu’une âme2 ; c’est à elle que s’adresse le Prophète. Veux-tu plaire à cet époux ? Tu ne le peux dans ta laideur, que feras-tu peut être belle? D’abord prends à dégoût la laideur, et embellie par celui-là même à qui tu veux plaire, tu mériteras alors la beauté e celui qui te reformera, est celui-là même qui t’a formée. Vois donc tout d’abord ce que tu es, afin de n’aller point dans la laideur t’offrir aux baisers d’un époux si ravissant. Mais où pourrai-je me contempler, me diras-tu ? Il t’a donné pour miroir ses saintes Ecritures ; c’est là qu’il est dit : « Bienheureux ceux dont le coeur est pur, parce qu’ils verront Dieu3 ». Cette parole même est un miroir, vois si tu es ce que dit cette Ecriture; et si tu ne l’es pointe gémis afin de le devenir. Le miroir te remettra devant les yeux ton propre visage ; et comme il ne te flattera point, ne te flatte point toi-même. Sa pureté te montrera ce que tu es ; et si tu te déplais à toi-même, travaille à n’être plus telle. Te déplaire dans ta laideur, c’est déjà plaire à celui qui est parfaitement beau. Quoi donc? Te déplaire dans la laideur, c’est déjà commencer un aveu; comme il est dit ailleurs: « Commencez par confesser au Seigneur4 ». Accuse d’abord ta laideur ; car cette laideur de ton âme vient de tes péchés, de tes iniquités. Commence à confesser ta laideur, et cette confession deviendra pour toi un commencement de beauté; et qui te donnera cette beauté, sinon celui qui surpasse en beauté les enfants des hommes ?
