2.
Ne vois-tu pas combien cette discussion favorise ceux que nous pourchassons et cherchons à prendre par nos mensonges? Car c'est là, tu l'as démontré toi-même, l'opinion des Priscillianistes. Ils l'appuient sur des textes des Ecritures ; ils exhortent leurs adeptes à mentir d'après les exemples des patriarches, des prophètes , des apôtres, des anges ; ils n'hésitent même pas à y ajouter celui de Jésus-Christ; ils ne croiraient pas pouvoir donner à leur mensonge l'apparence de la vérité, s'ils ne présentaient la Vérité elle-même comme coupable de mensonge. Voilà une opinion à réfuter et non à adopter; nous ne devons point partager avec les Priscillianistes une erreur qui les rejette visiblement au-dessous de tous les autres hérétiques. Car ils sont les seuls, ou du moins les premiers, à prêcher le mensonge pour cacher leur prétendue vérité, et à justifier cette erreur monstrueuse en disant qu'il faut conserver la vérité dans son coeur, mais qu'il n'y a pas de péché à dire des mensonges à des étrangers, et que c'est là le sens de ces mots : « Qui dit la vérité dans son cœur1; » comme si un mensonge proféré de bouche était suffisamment justifié parce qu'il s'adresse à un étranger et non au prochain ! C'est pour cela qu'ils prétendent encore que l'Apôtre, après avoir dit : « Quittant le mensonge, que chacun dise la vérité » , s'empresse d'ajouter : « avec son prochain, parce que nous sommes membres les uns des autres2 ». Par conséquent, il serait permis et même ordonné de mentir avec ceux qui ne sont point notre prochain dans la profession de la vérité, qui ne sont point, pour ainsi parler, les membres du même corps.
