19.
Mais, dira-t-on, faut-il- donc mettre un voleur quelconque au niveau de celui qui vole dans l'intention de faire du bien? Personne ne dit cela. Mais l'un n'est pas bon, parce que l'autre est pire. Celui qui vole par cupidité est plus coupable que celui qui vole par compassion; mais si tout vol est péché, il faut s'abstenir de tout vol. Car qui osera dire qu'on peut pécher, bien qu'il y ait des actes mortelles et des fautes vénielles? Pour le moment la question est de savoir, non si telle action est plus ou moins coupable, mais s'il y a, oui ou non, péché à la faire. Le vol, par exemple, est moins puni par la loi que l'adultère; cependant ce sont deux péchés, l'un plus léger, l'autre plus grave, tellement que le vol inspiré par la cupidité est tenu pour moins criminel que l'adultère commis dans des vues de bienfaisance. Dans la même espèce, les péchés qui semblent commis avec bonne intention deviennent moins graves que d'autres de même nature; mais ils sont jugés plus graves que d'autres d'une espèce différente, naturellement plus légers. En effet, il y a plus de mal à voler par convoitise que par compassion; l'adultère qui a le libertinage pour motif est plus coupable que celui qui se commet dans des vues de bienfaisance; et cependant il y a un plus grand mal à commettre l'adultère dans des vues de bienfaisance qu'à voler par convoitise. Mais, encore une fois, il ne s'agit point ici de savoir quel péché est plus ou moins grave, mais si telle chose est péché ou non. Car personne n'oserait dire qu'il faut commettre une action dès qu'elle est reconnue pour certainement mauvaise; nous pouvons dire toutefois que la faute doit être excusée dans telle ou telle circonstance, et ne peut pas l'être dans telle ou telle autre.
