29.
Les hérétiques menteurs ne trouvant donc dans le Nouveau Testament aucun mensonge à proposer pour exemple, se croient néanmoins parfaitement autorisés dans leur opinion par une multitude de passages des livres prophétiques, où ils croient voir des mensonges, parce que le sens figuré et le but des paroles ou des actions ne sont compris que d'un petit nombre. Mais dans leur ardeur à trouver des exemples pour se disculper de l'art de tromper, ils se trompent eux-mêmes, et leur iniquité se ment à elle-même1. Si les personnages sur qui on ne doit pas reconnaître l'intention de prophétiseront feint en action ou en paroles dans l'intention de tromper, il faut dire qu'ils ont menti, en ce qui dépendait d'eux, quand même on pourrait extraire de leurs actions ou de leurs paroles quelque signification prophétique, déposée là et comme semée en germe par la toute-puissance de Celui qui sait tourner à bien les péchés des hommes. Mais il ne faut pas pour cela donner ces exemples à imiter, bien que ces personnages soient à juste titre nommés saints et hommes de Dieu par les livres sacrés. Car l'Écriture contient les mauvaises actions des hommes aussi bien que les bonnes : celles-là pour que nous les évitions, celles-ci pour que nous les imitions; quelques-unes de celles-là déjà condamnées, les autres, pour des raisons mystérieuses, abandonnées à notre propre jugement; parce que notre intelligence ne doit pas seulement être nourrie de vérités évidentes, mais aussi exercée par l'investigation des choses obscures. 2
