1.
Toutes les paroles de l’Ecriture sont utiles à ceux qui les comprennent bien, mais dangereuses pour ceux qui les veulent accommoder à la perversité de leur coeur, plutôt que de redresser leur coeur d’après ces règles saintes. C’est en effet chez les hommes un désordre bien grand, mais ordinaire, de vouloir que Dieu suive leur propre volonté, quand c’est à eux de suivre la volonté de Dieu; de vouloir que Dieu se déprave, parce qu’ils ne veulent point se corriger, et de ne voir le bien que dans leur propre volonté, et non dans celle de Dieu. Nous entendons souvent les hommes se plaindre contre Dieu, de la prospérité des méchants et des tribulations de l’homme de bien; comme si Dieu était injuste ou ne savait ce qu’il doit faire, ou détournait complètement ses regards des choses humaines, ou ne voulait point troubler son repos pour y donner ses soins, comme si voir et corriger les désordres fût une fatigue pour lui. Ils murmurent donc, ces hommes qui ne veulent adorer Dieu que pour en être plus heureux ici-bas, quand ils voient dans l’abondance et la félicité de la terre ceux qui n’adorent que Dieu; tandis que pour eux, qui adorent le Seigneur, ils sont dans l’angoisse, dans la disette, dans les chagrins et dans toutes les autres misères de cette vie. C’est contre cette voix impie, contre ces blasphèmes et ces murmures, que la parole divine nous devient un charme qui guérit de la morsure du serpent. Tout cela est en effet comme le pus du coeur empoisonné, qui vomit contre Dieu le blasphème ordurier; et, ce qu’il y a de pire, écartant la main du médecin sans écarter la morsure du serpent. C’est-à-dire, que le coeur de l’homme écarte la sévérité de la parole de Dieu, pour admettre les flatteries pernicieuses du serpent. C’est contre ces hommes que la parole divine a des chants, et qu’elle va nous prévenir dans ce psaume. Je vous exhorterais à y donner toute votre attention, s’il ne l’attirait pas lui-même, et non-seulement la nôtre, mais celle du monde entier. Ecoutez en effet sa manière de commencer.
