16.
« L’homme au milieu de sa grandeur ne l’a point comprise; il s’est comparé aux animaux sans raison et leur est devenu semblable1 ». Quelle insulte pour des hommes qui n’ont su que faire de leurs richesses pendant leur vie, qui ont cru se rendre heureux en se faisant un tombeau de marbre, comme une demeure éternelle, et en faisant invoquer leur nom sur la terre par leurs proches qui auront hérité de leurs biens ! Ils auraient dû au contraire se préparer une demeure éternelle par de bonnes oeuvres, se préparer une vie sans fin, envoyer leurs richesses devant eux, accomplir de bonnes oeuvres, jeter un regard de pitié sur l’homme dans la disette, donner à ceux qui marchaient avec eux dans la même voie, et ne point mépriser ce Christ couvert d’ulcères couché à leur porte, et qui a dit: « Ce que vous ferez au moindre de mes frères, c’est à moi que vous l’aurez fait2 ». L’homme donc dans sa grandeur ne l’a point comprise. Qu’est-ce à dire: « L’homme dans sa grandeur?» L’homme fait à l’image et à la ressemblance de Dieu, l’homme supérieur aux animaux3. Car Dieu n’a pas fait l’homme de la même manière que l’animal; mais il a fait l’homme pour dominer les animaux, et les dominer par la force, ou bien par la raison. Mais l’homme « n’a pas compris » ; et lui, qui était créé à l’image de Dieu, « s’est comparé à l’animal sans raison, et lui est devenu semblable ». De là vient qu’il est dit ailleurs: « Ne soyez pas semblables au cheval et au mulet, qui sont sans intelligence4 ».
