3.
« Seigneur, vous m’avez éprouvé et m’avez connu1 ». Que Notre-Seigneur Jésus-Christ tienne ce langage, qu’il dise lui-même « Seigneur », s’adressant au Père. Son Père toutefois n’est son Seigneur que parce qu’il a daigné naître selon la chair; Père de Dieu, Seigneur de l’homme. Veux-tu savoir de qui il est Père? D’un Fils égal à lui. « Etant de la nature de Dieu », a dit saint Paul, « il n’a pas cru qu’il y eût usurpation pour lui de s’égaler à Dieu ». C’est de cette nature que Dieu est Père, de celui qui lui est égal en nature, qui est son Fils unique, né de sa substance. Mais par bonté pour nous, afin de nous rétablir, de nous faire participants de sa divinité, de nous remettre sur le chemin de la vie éternelle, en prenant part à notre nature, avons-nous dit, qu’a-t-il fait selon l’Apôtre, et qu’est-ce qu’il ajoute à ces paroles: « Lui qui avait la nature de Dieu, n’a pas cru qu’il y eût usurpation à se dire égal à Dieu? Mais il s’est anéanti »,dit le même Apôtre, « en revêtant la forme de l’esclave, en se rendant semblable à l’homme, et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui2».Egal au Père dans sa nature divine, il a pris la forme de l’esclave, devenant ainsi moindre que son Père. Lui-même nous dit l’un et l’autre dans l’Evangile. Ici: « Mon Père et moi sommes un3 »; là: «Mon Père est plus grand que moi4 ». « Mon Père et moi sommes un » ; selon la nature divine; « Mon Père est plus grand que moi », selon la forme de l’esclave. Dès lors que le Père est en même temps Seigneur, Père selon la nature divine, et Seigneur selon la forme de l’esclave, que son Fils unique s’écrie, sans aucun étonnement ni scandale de notre part: «Seigneur, vous m’avez éprouvé et m’avez connu». « Eprouvé et connu »,est-il dit, non point que Dieu ne l’ait point connu d’abord, mais en ce sens qu’il l’a fait connaître aux autres. « Vous m’avez éprouvé et m’avez connu ».
