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Mais quel est le sens de ces autres paroles, qui appartiennent encore au titre et le complètent : « Les Allophyles se sont saisis de David dans Geth ». Geth était une ville des Allophyles, c’est-à-dire des étrangers, d’un peuple éloigné des saints; dès lors qu’ils sont étrangers, au lieu de se rapprocher des saints, ils s’en éloignent; et tous ceux qui refusent de reconnaître le Christ pour leur Roi, deviennent des étrangers. Pourquoi cela? Parce que la vigne, autrefois plantée par la main du Seigneur, ne donna que des fruits amers et mérita ainsi d’entendre le Seigneur lui adresser ce reproche : « Vigne étrangère, pourquoi tes fruits sont-ils devenus amers1 ? » Dieu ne lui a pas dit : Tu es ma vigne, parce que, si elle eût été sa vigne, les fruits qu’elle donna eussent été remplis de douceur; et parce que ses fruits devinrent amers, elle cessa d’être la vigne du Seigneur; elle devint étrangère pour lui. « Les Allophyles se saisirent »donc « de la personne de David ». De fait, l’Ecriture nous raconte que David, fils de Jessé, roi d’Israël, se retira chez les Allophyles pour échapper aux poursuites de Saül2; il entra dans leur ville et même dans le palais de leur roi; mais elle ne nous dit pas qu’ils l’aient retenu prisonnier. Les Allophyles ont donc retenu et retiennent encore dans Geth notre véritable David, Jésus-Christ Notre-Seigneur, qui est né de la race du roi d’Israël. Nous avons dit que Geth était une ville. Si nous cherchons à connaître le sens de ce nom, nous trouverons qu’il signifie pressoir. Jésus-Christ, notre Chef, le Sauveur de tout le corps, qui est né d’une Vierge, qui a été attaché à la croix, et qui nous montre déjà, dans le mystère de sa chair ressuscitée, l’espérance et le modèle de notre propre résurrection, Jésus-Christ se trouve encore ici-bas; il y est présent dans son corps, et ce corps c’est l’Eglise. Le corps est intimement uni à son Chef, et le Chef, parlant au nom du corps, s’écrie : « Saul, Saul , pourquoi me persécutes-tu3? »Et le corps est dans son Chef, selon cette parole de l‘Apôtre : « Il nous a ressuscités avec lui, et il nous a fait asseoir avec lui dans le ciel4 ». Nous sommes assis avec lui dans le ciel, et il souffre avec nous sur la terre; c’est en espérance que nous sommes avec lui dans le ciel, et c’est par charité qu’il souffre avec nous sur la terre. En vertu de cette mutuelle union, qui semble ne faire de nous et de Jésus-Christ qu’un seul homme, l’époux et l’épouse ne sont plus qu’une seule chair ; voilà pourquoi le Sauveur a dit: « Ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair5 ». Comment donc le Christ est-il retenu prisonnier dans Geth ? Son corps, c’est-à-dire son Eglise, est enfermé dans le pressoir ? Qu’est-ce à dire, dans le pressoir? pans les tribulations. Mais il y a un avantage ê être serré dans le pressoir. A la vigne, le raisin n’est pas pressé; il y apparaît dans son entier, mais il n’en sort rien. On le porte au pressoir, on l’y foule, on l’y écrase, ou semble lui faire tort; mais le tort apparent qu’on lui cause est loin d’être inutile : sans cela le raisin demeurerait stérile. 6
