14.
« Seigneur, je vous ai fait connaître ma vie ». Vous m’avez accordé le bienfait de la vie: voilà pourquoi je vous l’ai fait connaître. Est-ce que Dieu ignore quel don il t’a fait? Pourquoi donc le lui annonces-tu ? Aurais-tu la prétention de lui apprendre quelque chose? Non, sans doute. Pourquoi donc le Prophète dit-il: « Je vous ai fait connaître ? » Serait-ce, Seigneur, parce que cette connaissance pourrait vous être utile? Quel avantage le Seigneur pourrait-il en tirer ? Dieu y gagne pour sa gloire. Quand l’apôtre saint Paul disait: « J’ai été d’abord un blasphémateur, un pécheur, un homme injuste », comment faisait-il connaître sa vie? Il la faisait connaître en ajoutant: « Mais j’ai obtenu miséricorde1 ». Il a annoncé sa vie, non pour lui-même, mais pour Dieu: car il l’a annoncée de manière à en amener d’autres à la foi ; il l’a annoncée, non pour son propre avantage, mais pour l’avantage de la cause de Dieu. En effet, il ajoute: « Car Jésus-Christ est mort et il est ressuscité, afin que celui qui vit ne vive plus pour lui-même, mais pour celui qui est mort en faveur de tous2 ». Si tu vis, ce n’est pas de toi-même que tu tiens ce bienfait, parce que c’est Dieu qui te l’a accordé; fais-le donc connaître, non pour toi, mais pour lui; ne cherche point ton intérêt, ne vis pas pour toi : vis pour celui qui est mort en faveur de tous. L’Apôtre, parlant de certains réprouvés, ne dit-il pas : Ils cherchent tous leur avantage, et ils oublient les intérêts de Jésus-Christ’ 3? Si, de la connaissance que tu donnes de ta vie, tu cherches à tirer ton utilité personnelle au lieu d’en tirer celle des autres, c’est pour toi que tu la fais connaître, et non pour Dieu. Mais si tu l’annonces de manière à exciter le prochain à la recevoir lui-même de la main qui te l’a donnée, tu l’annonces pour la gloire de ton bienfaiteur ; aussi recevras-tu une plus ample récompense, par cela même que le don de Dieu n’a pas trouvé en toi un ingrat. « Seigneur, je vous ai fait connaître ma vie, vous avez mis mes larmes en votre présence ». Vous avez exaucé ma prière. « Selon la promesse que vous m’en avez faite ». Votre conduite envers moi a répondu à vos promesses. Vous m’aviez dit que vous écouteriez le cri de ma douleur : j’ai cru à votre parole, j’ai pleuré, et vous m’avez exaucé. Par vos promesses vous avez montré une miséricorde infinie à mon égard, et vous avez manifesté votre infaillible véracité par votre fidélité à les accomplir. «Selon la promesse que vous m’en aviez faite ».
