XII.
Texte de la lettre : « Dans ma lettre d'hier, pressé par le départ précipité du courrier, j'ai dû m'imposer une concision extrême; aujourd'hui, je crois devoir chercher, dans les témoignages de la loi divine, la réponse à la lettre de Votre Excellence. Le Seigneur a dit :Vous ne tuerez ni l'innocent, ni le juste, et vous ne purifierez pas le coupable1. Il suit de là que dans la pensée et au jugement de Dieu, on doit regarder, comme coupables d'un crime égal, et celui qui absout un coupable, et celui qui tue un innocent. Si, avant d'entrer en communion avec vous, Gabinus, que vous désignez par son nom, et les autres réfractaires étaient coupables, à moins d'aller contre la parole de Dieu, on ne devait pas les absoudre. Ait contraire, s'ils ont été reçus parce qu'on les regardait comme des innocents et des saints, pourquoi tuez-vous des innocents qui professent la même croyance que ceux que vous recevez comme des saints? » Réponse: Vos paroles ne sont que haine et mensonge. En effet, celui à qui vous parlez n'a pas reçu l'ordre de vous tuer, mais celui de vous convertir. Si vous refusez, on vous envoie en exil, afin que vous ne soyez point un obstacle à la conversion des autres. Que si les justes ne doivent pas traiter ainsi les pécheurs, pourquoi donc, et bien à tort, vouliez-vous vous faire un titre de gloire, dans notre conférence, de l'exil de Cécilianus, auquel il avait été condamné par l'empereur, sur les instances de vos ancêtres? Quant à ce tribun auquel vous écrivez, et qui a pour mission de faire exécuter les lois relatives à l'unité, il est si désireux de vous voir vivre, qu'il craint un suicide de votre part. Voilà ce tribun et vous voilà vous-même. Il veut que vous viviez dans la paix de Jésus-Christ, et vous voulez vous tuer dans la secte de Donat; dites maintenant, quel est, en réalité, votre véritable persécuteur.
Exode, XXIII, 7. ↩
