XXI.
Oui, la liberté fut accordée à l'homme au moment de sa création, mais à la condition, s'il faisait le mal, d'en souffrir le châtiment. C'est pourquoi, dès que le premier homme eut péché, il entendit contre lui une sentence de mort, et avant que la mort corporelle ne l'eût frappé, il fut chassé du paradis terrestre. Grâce à la mansuétude inspirée par le christianisme, l'empereur porta contre vous une sentence moins rigoureuse; il vous condamna à l'exil, et non à la mort. Mais voici, qu'appréciant mieux vous-mêmes, dans votre haute science, le châtiment que méritent vos oeuvres, et trouvant qu'il est trop disproportionné au jugement porté contre vous, vous y ajoutez volontairement la mort. Gardez-vous de courir de vous-mêmes à votre perte éternelle, en soutenant que le libre arbitre doit vous être laissé en cette vie pour vous donner une entière liberté d'offenser Dieu. Ecoutez l'Apôtre, et vous comprendrez comment la puissance royale ne saurait vous nuire : « Faites le bien, et vous en recevrez des éloges ». Ainsi nous regarderons toujours comme dignes de nos louanges les justes qui, non-seulement obéissent aux princes religieux, mais qui, par respect pour la parole de Dieu, supportent patiemment les princes impies. Dans le premier cas, ils ont le mérite de l'obéissance, dans le second, ils ont celui de la patience, et dans l'un et l'autre, ils ont celui de faire le bien et de ne pas résister aux puissances. Votre conduite, au contraire, loin d'être un bien, est un grand mal, puisque vous déchirez l'unité de Jésus-Christ, puisque vous vous révoltez contre les promesses évangéliques et en particulier contre l'autorité de celui dont il est dit : « Il dominera depuis la mer jusqu'à l'autre mer, depuis le fleuve jusqu'aux extrémités de la terre1 »; en d'autres termes, ne soulevez pas la guerre civile contre Celui qui est le véritable et souverain roi des chrétiens. Pour trouver l'occasion de vous convertir, qu'il vous suffise donc de comprendre que les châtiments dont vous avez été frappés par l'empereur, sont de beaucoup inférieurs à la gravité des fautes que vous avez commises; mais gardez-vous de vous constituer vos propres juges et de vous punir vous-mêmes. Gardez-vous également d'exiger de la part des hommes une liberté telle qu'elle assure l'impunité du crime, car alors vous auriez à craindre de subir de la part de Dieu la justice la plus rigoureuse. Vos ancêtres eux-mêmes ont parfaitement compris que quand il s'agit, des outrages faits à Dieu, les princes eux-mêmes ne doivent pas laisser impunis les excès du libre arbitre de l'homme; n'est-ce pas dans ce huit, quoique leur cause fût mauvaise, qu'ils poursuivirent Cécilianus jusqu'au tribunal même de l'empereur Constantin ?
Ps. LXXI, 8. ↩
