XXVIII.
Vous prétendez ensuite que les hommes ne doivent pas être amenés malgré eux à la vérité. Vous ne connaissez donc ni les Ecritures, ni la puissance de Dieu qui sait donner la volonté à ceux qui d'abord ne paraissent subir que l'action de la violence? Est-ce malgré eux que les Ninivites ont fait pénitence, parce qu'ils en avaient reçu l'ordre du roi? Depuis trois jours, en effet, le Prophète parcourait les rues de la cité et proclamait hautement les menaces et la colère divines1. Quel besoin pouvait-il y avoir d'un ordre du roi, pour adresser d'humbles supplications au Dieu qui méprise les dehors, et sonde les reins et les coeurs? Mais n'y avait-il pas dans la ville des hommes en qui les oracles divins ne soulevaient que mépris et incrédulité, et qui avaient besoin d'être effrayés par les menaces d'une puissance de la terre? Ces ordonnances royales, contre lesquelles vous venez librement vous briser, sont donc pour un grand nombre une occasion de salut en Jésus-Christ. Il peut se faire qu'ils ne soient d'abord amenés que par la violence au banquet du père de famille, et qu'ils soient forcés d'entrer; cependant, quand ils sont dans l'intérieur, ils trouvent je ne sais quoi qui les réjouit de leur présence au festin. Ce double fait a été prédit et réalisé par le Sauveur. Après le refus de quelques hommes, qui sont pour nous la figure des Juifs, et des excuses qu'ils allèguent pour ne pas répondre aux invitations crue leur avaient faites les Prophètes, « le maître dit à son serviteur : Allez sur les places et dans les rues de la cité, et amenez ici les pauvres et les malades, les aveugles et les boiteux. Le serviteur lui répondit: J'ai accompli vos ordres, et il reste encore de la place. Le maître dit à son serviteur : Allez le long des chemins et des haies, et tous ceux que vous rencontrerez, forcez-les d'entrer, afin que ma maison soit remplie2 ». Ces chemins figurent les hérésies, et les haies sont l'image des schismes; en effet, les chemins figurent les opinions diverses, et les haies les opinions perverses. Comment nous étonner, dès lors, de voir mourir, faute de toute nourriture, non pas corporelle, mais spirituelle, celui qui n'est introduit au festin ni par l'impulsion de sa propre volonté, ni par l'impulsion de la violence ?
