XXIX.
Texte de la lettre : « Nous nous réjouissons de la haine que le siècle a contre nous; loin de succomber sous le poids de ses coups, nous sommes dans l'allégresse. Ce monde ne peut aimer les serviteurs de Jésus-Christ, car on sait que le monde n'aime pas Jésus-Christ; le Seigneur n'a-t-il pas dit lui-même : Si le siècle vous hait, sachez qu'il m'a haï avant vous ; puisqu'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront également ». Réponse : Vous vous réjouissez de cette haine que le siècle a pour vous; loin de, succomber à ses poursuites, vous êtes dans l'exultation, et vous voulez vous suicider vous-mêmes pour vous soustraire à toute espèce de chagrin; vous prenez le parti de mourir de votre propre main pour rester fidèles à la secte donatiste, sans attendre que d'autres vous martyrisent pour la foi de Jésus-Christ? Une telle folie ne peut convenir qu'aux Circoncellions ; mais qu'elle est loin de la gloire des martyrs ! Vos oeuvres frappent suffisamment par leur évidence; quel besoin avez-vous donc de vous attribuer ces paroles qui vous sont étrangères : « Ce monde ne peut aimer les serviteurs de Jésus-Christ, car on sait qu'il n'a pas aimé Jésus-Christ ? » Nous n'appartenons donc pas à ce monde, puisque nous vous aimons. D'un autre côté, vous n'êtes pas les serviteurs de Jésus-Christ, puisque vous rendez le mal pour le bien, puisque vous retournez contre vous votre méchanceté , quand vous ne pouvez pas l'exercer contre nous, puisqu'enfin vous ne nous aimez pas et que vous vous tuez. Oui, ce s'ont bien là les paroles du Seigneur : « Si le siècle vous hait, sachez qu'il m'a haï avant vous; puisqu'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront également1 » ; or, ce n'est pas à vous qu'il adresse ces paroles, mais à ceux à qui il a ordonné, quand ils sont persécutés dans une ville, de fuir dans une autre; et ce n'est pas là ce que vous faites. Jésus-Christ leur a également déclaré que, jusqu'à la fin du siècle, ils trouveraient toujours des villes dans lesquelles ils pourraient trouver un refuge2; or, vous vous plaignez que ces villes vous font défaut, et malgré cela vous refusez d'avouer que ces paroles ne s'appliquent point à vous.
