VII.
Texte de la lettre : « Dans cette Eglise dans laquelle, comme vous l'avez dit vous-même, le nom du Seigneur et de son Christ a toujours été invoqué, nous resterons vivants tant qu'il plaira à Dieu, ou nous perdrons la vie dans le camp même du Seigneur, comme doivent le faire tous les enfants de Dieu ; nous déclarons donc que s'il nous est fait violence, les choses pourront en effet se passer ainsi. Quel homme assez insensé hâterait pour lui le moment de la mort, s'il n'y était réduit par la violence? » Réponse : Il est dit dans la lettre du tribun que le nom de Dieu est invoqué par vous, mais il n'est pas dit qu'il soit invoqué dans la vérité. Lors même qu'il l'aurait dit, je pourrais y voir pour vous un titre réel, non pas à la gloire, mais au châtiment. Parlant des nations païennes, l'Apôtre n'a-t-il pas dit : « Elles retiennent la vérité captive dans l'iniquité1 ? » C'est là aussi ce que vous faites, puisque vous retenez captive dans l'iniquité de l'erreur la vérité du divin baptême. De notre côté, quand nous corrigeons votre iniquité, nous ne devons pas détruire la vérité de ce sacrement. Et puis, malgré votre innocence, vous déclarez , dans des termes plus ou moins déguisés, la résolution où vous êtes de brûler l'église et de vous ensevelir, vous et les vôtres, sous ses ruines. En disant que vous périrez dans l'église, ne voulez-vous pas dire avec l'église? N'est-ce pas là ce que vous méditez de faire au moyen de l'incendie? Est-ce donc l'innocence tant vantée du Donatisme qui vous inspire de chercher aujourd'hui dans votre mort ce que- vous cherchiez autrefois à Carthage, mais non pas au prix de votre mort , quand vous donniez un libre cours à votre jalousie contre nous à l'occasion de ces basiliques qui vous avaient appartenu? Comment douter que vous ayez fait alors ce qu'aujourd'hui vous vous préparez à faire au risque de votre vie? Et si vous n'avez pas agi de cette manière, votre conduite en ce moment n'en est que plus barbare et plus criminelle. Mais vous ajoutez : « Si l'on nous fait violence » , car, dites-vous encore : « Quel homme serait assez insensé pour hâter sa mort sans y être contraint par aucune nécessité? » Combien plus insensé; encore ne doit pas être celui que l'on pousse à la vie et qui s'empresse de courir à la mort?
Rom. I, 18. ↩
