XXXIII.
Personne n'ignore à quels genres de mort se condamnaient une multitude de ces malheureux; le nombre des suicides était tel, qu'aujourd'hui on doit se féliciter du petit nombre de ceux qui se font périr par le feu. Peut-être prétendez-vous nous émouvoir en nous disant que ce petit nombre proportionnel en renferme encore des milliers ? Je vous réponds que c'est pour nous une bien douce consolation de voir qu'un nombre infiniment supérieur de Donatistes s'arrachent aujourd'hui au fanatisme de leur secte, dont le crime n'est pas seulement de produire une division criminelle, mais de poser en loi tous les excès de la fureur. Ceux qui se donnent la mort sont encore trop nombreux; mais leur nombre est de beaucoup inférieur à la multitude de ceux qui, après avoir partagé les mêmes erreurs, se soumettent aujourd'hui aux bienfaits de la discipline, s'attachent à la culture des champs, sont heureux de rompre ainsi, par les œuvres et par le nom, avec les Circoncellions, observent les règles de la chasteté, et conservent la plus étroite unité. Que sont enfin tous ces malheureux qui se perdent, en comparaison de la multitude de Donatistes de tout âge et de tout sexe, petits garçons et petites filles, jeunes gens et jeunes personnes, voire même des époux et des vieillards, qui renoncent en foule à leur secte criminelle pour venir goûter la paix véritable et catholique de l'Eglise de Jésus-Christ ? Quant à ceux qui se brûlent, en les comptant individuellement, on n'en trouve pas autant qu'il y a de lieux parfaitement peuplés dont les habitants ont renoncé à cette funeste contagion de l'erreur et du fanatisme pour aller s'abriter sous la protection si douce d'une parfaite unité. Dites-moi, regarderiez-vous comme inspiré par une saine miséricorde le conseil que vous donneriez de réserver tous ces nouveaux convertis aux supplices éternels, pour éviter que ceux qui s'obstinent encore à se jeter dans les flammes, ne paraissent former un nombre incomparablement plus petit ? Pour amener tous les hommes à vivre avec Jésus-Christ, on ne saurait assez déployer ses efforts et multiplier ses vœux ; j'avoue qu'il suffira toujours de quelques furieux pour empêcher cet heureux résultat, mais je n'affirme qu'avec plus d'assurance que l'on doit travailler avec zèle pour empêcher que tous ne périssent avec le démon.
