XLIII.
Quant à Gabinus et plusieurs autres qui ont connu cette Eglise, l'ont choisie et y ont étroitement adhéré, ce qu'ils cherchaient, c'était la promesse divine prédite et réalisée; dès qu'ils l'eurent trouvée, il ne virent plus dans votre secte qu'une oeuvre purement humaine pour laquelle c'était folie de s'exposer à souffrir la plus légère persécution. En effet, celui qui, pour la vérité et l'unité de Jésus-Christ, renonce, je ne dis pas seulement à ses richesses, mais à sa vie même, quand cependant il laisse à d'autres le soin de la lui ravir, celui-là, dis je, a la foi, l'espérance, la charité, il possède Dieu. Au contraire, quiconque, pour la secte de Donat, perdrait uniquement la frange de son vêtement, celui-là prouve qu'il n'a point de coeur. Qu'y a-t-il donc d'étonnant que des hommes sages, en voyant qu'on les menaçait de la persécution et de l'exil pour les arracher à l'endurcissement pervers de coutumes invétérées, se soient demandé s'ils devaient souffrir tant de maux en faveur de la secte de Donat et contre l'Eglise catholique, c'est-à-dire en faveur d'une institution purement humaine et contre l'oeuvre évidente du Seigneur? Ils comprirent donc qu'il y aurait là folie de leur part, et reconnurent que ces poursuites que vous flétrissez du nom de persécution, n'étaient pour eux que des occasions de se convertir, et dès lors ils réalisèrent la vérité de cette parole: «Fournissez au sage l'occasion favorable, et il deviendra plus sage1 ». Vous voyez donc que c'est folie de votre part, en vous adressant à un homme chargé par l'empereur de vous fournir l'occasion de vous convertir, de lui dire que sa prudence devait se refuser au rôle d'exécuteur. Quel plus beau titre de gloire pour un soldat religieux, que de travailler avec plus de zèle à la conversion des coupables, que ces coupables eux-mêmes n'en mettent pour se tromper et se perdre !
Prov. IX, 9. ↩
