7.
La suite du psaume nous montre qu’il viendra pour juger. « Un feu marchera devant lui1 ». Devons-nous craindre? Changeons-nous, et nous ne craindrons plus. La paille peut craindre le feu, mais que peut le feu sur l’or? Il ne tient qu’à toi de ne pas éprouver ce que tu éprouveras malgré toi, si tu ne te corriges. Quand même nous pourrions empêcher l’arrivée de ce jour du jugement, il me semble néanmoins qu’il ne faudrait pas vivre dans le désordre. Quand même le feu ne serait pas à craindre au jour du jugement, et que les pécheurs n’auraient à redouter que d’être séparés de Dieu, quelles que fussent d’ailleurs leurs délices; dès qu’ils ne verront point celui qui les a créés, qu’ils seront privés des ineffables douceurs de sa face, ils auront encore à pleurer, quelle que soit leur éternité et l’impunité de leurs crimes. Mais que dirai-je, et à qui le dirai-je? Les coeurs qui aiment Dieu comprennent seuls ce châtiment, et non ceux qui le méprisent. Ceux qui sentent quelque peu la douceur de- la sagesse et de la vérité, comprennent mes paroles et savent ce qu’il y a de pénible dans la séparation de Dieu; mais ceux qui n’ont point goûté cette douceur n’ont qu’à redouter le feu. S’il n’aspire point à voir Dieu, qu’il redoute les tourments, celui que n’attirent point les récompenses. Si tu n’as que mépris pour les promesses de Dieu, crains du moins ses menaces, On te promet de voir Dieu, et cette promesse ne te fait ni changer, ni tressaillir, ni soupirer, ni désirer: tu te plonges dans le péché, dans les délices de la chair, tu amasses de la paille, et le feu viendra. « Un feu brûlera en sa présence ». Ce feu sera loin de ressembler à celui de ton foyer; et pourtant, s’il te fallait y mettre la main, tu ploierais à la volonté de celui qui t’en menacerait. S’il te disait : Signe contre ton père, signe contre tes enfants, autrement je vais mettre ta main au feu; tu ferais tout pour épargner cette douleur à ta main, pour épargner à l’un de tes membres la douleur d’un moment, car cette douleur ne serait pas éternelle. Tu fais donc le mal pour éviter une douleur si légère dont te menace un ennemi, et tu ne fais pas le bien quand le Seigneur te menace d’un malheur éternel ! Nulle menace ne devrait te porter à faire le mal, comme nulle menace ne devrait te détourner de faire le bien. Mais les menaces du Seigneur, les menaces du feu éternel t’interdisent le mal et te stimulent pour le bien, D’où vient cette torpeur, sinon de ton peu de foi? Que chacun alors sonde son coeur et voie ce qu’y produit la foi, Si nous croyons au jugement à venir, mes frères, vivons dans la vertu. C’est maintenant le temps de la miséricorde, celui du jugement viendra ensuite. Nul ne dira: Faites--moi retourner à mes années premières. Ce sera le temps des regrets, mais des regrets superflus: qu’il se repente, maintenant que la pénitence est utile; qu’on mette de l’engrais sur les racines de l’arbre, c’est-à-dire le deuil du coeur et les larmes, de peur que Dieu ne vienne et ne l’arrache2. Lorsqu’il sera arraché, il n’attendra plus que le feu. Maintenant on peut encore insérer de nouveau les rameaux retranchés3 : « Alors, tout arbre qui ne porte pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu4 » . « Un feu brûlera en sa présence ».
