26.
« Ta bouche a été féconde en malice, ta langue a embrassé la fraude1 ». Le Prophète dénonce ici la méchanceté, la fourberie de ces hommes flatteurs qui, connaissant le mal qu’on leur dit, non-seulement n’osent reprendre ceux qui le disent, de peur de les blesser, mais les applaudissent par un silence coupable. C’est peu de ne point dire: C’est mal ; ils vont jusqu’à dire : C’est bien ; et néanmoins ils savent que cela est criminel, mais leur bouche est pleine de malice, leur langue a préparé la fourberie. La fourberie est la fraude en parole, c’est le langage en désaccord avec la pensée. Le Prophète ne dit pas : Ta langue a ourdi ou commis la fourberie; mais, pour nous montrer qu’il y avait dans le crime un plaisir coupable, il dit: « Elle a embrassé ». C’est peu d’agir mal, tu y mets ton bonheur; tu as des louanges au dehors et la dérision dans l’âme. Tu causes la ruine d’un homme qui étale ses vices avec imprudence, qui ne voit pas même s’ils sont des vices; et toi qui le sais, tu ne lui dis pas : Où vas-tu? Si tu le voyais marcher dans les ténèbres, et près de l’endroit où tu connais un puits, quel homme serais-tu donc en gardant le silence? Ne te regarderait-on pas comme l’ennemi de sa vie? Et cependant, ce ne serait que la vie du corps et non celle de l’âme qu’il perdrait dans un puits. Il s’élance donc dans l’abîme du vice, il étale devant toi sa vie criminelle, tu en vois l’horreur, et tu lui applaudis au dehors, tandis que tu le méprises dans ton âme. Oh! s’il se retournait un jour vers le Seigneur, cet homme que tu tournes en dérision, que tu ne veux pas reprendre, et qu’il s’écrie : « Confusion sur ceux qui me disent : Courage, courage2 ! » . « Ta langue a embrassé la fourberie»
