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On accusait ensuite Pélage d'avoir écrit dans son livre que « l'homme peut, s'il le veut, rester sans péché », comme aussi d'avoir écrit à une veuve par forme de flatterie : « Que la piété trouve en vous un lieu de repos qu'elle n'a trouvé nulle part ; que la justice jusque-là vagabonde trouve en vous un lieu de refuge; que la vérité que personne ne connaît devienne votre servante et votre amie; que la loi de Dieu, qui est foulée aux pieds par presque tous les hommes, soit honorée par vous seule ». Il lui écrit encore: « Vous êtes vraiment bienheureuse, si la justice qui n'habite que dans le ciel, peut être trouvée en vous seule sur la terre ! » Dans un autre livre qu'il lui adresse, après lui avoir rappelé l'Oraison Dominicale et la manière dont les saints doivent prier, il ajoute : « Il élève dignement ses mains vers Dieu, il prie avec une bonne conscience, celui qui peut dire: Seigneur, vous savez que les mains que j'élève vers vous sont saintes, innocentes et pures de toute méchanceté, de toute iniquité et de toute rapine ; vous savez aussi que ces lèvres qui implorent votre miséricorde sont justes et pures de tout mensonge et de toute iniquité ». Pélage répondit: « Nous avons dit que, s'il le veut, l'homme peut être sans péché et observer les commandements de Dieu, car Dieu lui a donné cette possibilité. Mais nous n'avons jamais dit qu'il puisse se rencontrer un seul homme qui, depuis l'enfance jusqu'à la vieillesse, n'ait commis aucun péché; seulement, après en avoir commis, il a pu se convertir, et, à l'aide de ses propres efforts et de la grâce de Dieu, rester sans péché; enfin cet heureux état n'est pas pour lui immuable, il peut encore défaillir. Quant aux autres accusations intentées contre nous, jamais de semblables paroles ne nous sont échappées, ni dans nos livres ni dans notre langage ». Le synode répliqua : « Puisque vous affirmez n'être pas l'auteur de ces écrits, frappez-vous d'anathème ceux qui les ont composés? » Pélage : « Je les anathématise comme insensés, et non comme hérétiques, car sur ce point aucun dogme ne les condamne ». Enfin les juges formulèrent leur sentence en ces termes: « Puisque Pélage a lui-même frappé d'anathème un langage insensé dont on ne connaît pas l'auteur ; puisqu'il a confessé la saine doctrine en disant que l'homme avec le secours et la grâce de Dieu peut rester sans péché, qu'il réponde maintenant aux autres chefs d'accusation ».
