37.
Les actes du procès nous apprennent que cette doctrine de l'Apôtre fut invoquée par Jean, évêque de Jérusalem. Nos co-évêques, qui siégeaient avec lui dans ce jugement, lui demandèrent ce qui s'était passé en sa présence avant cette dernière réunion ; il le leur raconta aussitôt. « Quelques Pélagiens », leur dit-il, « murmuraient sourdement et soutenaient que, selon la doctrine de Pélage, l'homme peut être parfait sans la grâce de Dieu, c'est-à-dire qu'il peut être sans péché; cette doctrine me parut un crime et j'invoquai le témoignage de l'Apôtre qui, parlant de ses nombreux travaux, les attribue, non pas à sa volonté, mais à la grâce de Dieu : « J'ai plus travaillé que tous les autres », dit-il, « non pas moi, mais la grâce de Dieu avec moi; et encore : Cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde1 ; et enfin : Si le Seigneur ne construit pas la maison, c'est en vain que ceux qui la bâtissent se livrent à leurs travaux2. Il ajouta qu'ils avaient puisé dans l'Ecriture beaucoup de passages semblables. Or, les assistants continuaient à murmurer et rejetaient ces témoignages que nous leurs citions; c'est alors que Pélage s'écria : C'est là aussi ce que je crois ; je déclare anathème celui qui soutient que sans le secours de Dieu on peut parvenir à la perfection de toutes les vertus ».
