27.
Pélage fut accusé d'avoir soutenu que «l'Eglise est ici-bas sans tache et sans souillure». C'était la grande question sans cesse débattue entre nous et les Donatistes. Contre ces derniers nous affirmions dans l'Eglise le mélange des bons et des méchants, représenté par le mélange de la paille et du froment dans l'aire du père de famille. Nous pouvions reproduire cet argument contre les Pélagiens, mais ceux-ci soutenaient que l'Eglise ne peut être formée que des justes, et c'est parce que ceux-ci sont sans péché que l'Eglise peut être sans tache et sans souillure. Si telle est leur doctrine, je leur oppose ce que j'ai dit précédemment: Comment donc seront membres de l'Eglise des hommes qui peuvent dire avec l'accent de la véritable humilité : « Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous trompons nous-mêmes, et la vérité n'est point en nous ? » Ou bien encore Comment l'Eglise pourra-t-elle redire cette prière que le Sauveur a daigné lui apprendre: « Pardonnez-nous nos péchés », si l'Eglise ici-bas est nécessairement sans tache et sans souillure ? Enfin, qu'ils parlent eux-mêmes et qu'ils nous disent s'ils sont sans péché ? S'ils l'affirment, je leur réponds qu'ils se trompent eux-mêmes, et que la vérité n'est pas en eux. S'ils s'avouent coupables, que concluront-ils de leurs péchés et de leurs souillures ? C'est qu'ils ne sont. plus membres de l'Eglise, puisque l'Eglise est sans tache et sans souillure, tandis qu'ils sont eux-mêmes des taches et des souillures.
