2.
Tout d'abord je rends au Seigneur, mon Dieu, mon guide et mon appui, d'ineffables actions de grâces de ce qu'il n'a pas permis que je me laissasse égarer par l'opinion au sujet de nos frères et coévêques qui siégèrent comme juges dans cette affaire. En effet, sans se préoccuper s'il professait dans ses livres les erreurs dont on l'accusait, ils se sont contentés des réponses qu'il leur faisait en séance, et ce n'était que justice de leur part d'approuver ces réponses. Ne sait-on pas qu'autre chose est de blesser la foi, autre chose de se laisser aller à des inexactitudes de langage? Deux de nos frères et co-évêques des Gaules, Héros et Lazare, ne pouvant, pour cause de maladie de l'un d'eux, assister au synode, y avaient adressé une liste des accusations qu'ils formulaient contre Pélage. Or, ils reprochaient en premier lieu à cet hérésiarque d'avoir écrit dans l'un de ses ouvrages : « Que personne ne peut être sans péché, si ce n'est celui qui a la connaissance de la loi » . « Avez-vous écrit ces paroles », lui demandèrent aussitôt les juges ?« Oui », répondit Pélage, « mais sans leur donner le sens que mes accusateurs leur attribuent : je n'ai pas dit que celui qui possède la connaissance de la loi ne saurait pécher, j'entendais seulement qu'il trouve dans cette connaissance un secours contre le péché, selon cette parole : Il leur a donné la loi pour leur être un secours1 ». Sur cette déclaration, le synode s'écria: « Les paroles de Pélage ne sont pas contraires à la doctrine de l'Eglise». Sa réponse, il est vrai, ne lui est pas contraire, mais il n'en est pas de même du texte emprunté à son livre. Quant aux évêques, grecs d'origine, et n'entendant ces paroles que par l'intermédiaire d'un interprète, ils ne jugèrent pas à propos d'engager une discussion ; il leur suffisait que l'accusé leur formulât son opinion: qu'importait alors la pensée qu'il eût émise dans son livre?
Is. VIII, 20, selon les Sept. ↩
