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Jul. Toutefois , non content de s'être ainsi expliqué , Dieu emprunte un autre argument aux oeuvres de miséricorde, afin de rendre plus manifestes encore les principes qui servent de règles à ses jugements; et il déclare que si les personnes mêmes qui ont commis le péché par un acte de leur volonté personnelle, viennent à se repentir et à réformer leur conduite, leurs égarements passés ne leur causeront aucun dommage. « Si le pécheur », dit-il, « se détourne des iniquités qu'il a commises et qu'il observe mes préceptes, tous les péchés, sans exception, dont il s'est rendu coupable, seront oubliés : il vivra très-certainement à cause des oeuvres de justice qu'il aura accomplies ». En d'autres termes, puisque mon désir d'user de clémence est tel que je pardonne même les péchés personnels à ceux qui réforment leur conduite, comment pourrais-je imputer aux petits-enfants des péchés commis par d'autres? ou bien, est-il possible que l'innocence soit condamnée au moment de sa création, par moi qui me plais à la récompenser lors même que je la vois renaître dans une âme flétrie par le péché?
Aug. Autre est la condition des pécheurs repentants, autre est la condition des enfants au moment de leur naissance. En effet, il vous est absolument impossible de démontrer la justice des jugements de Dieu, si d'une part il ne trouve aucun péché dans les petits enfants, et que d'autre part cependant il les accable sous le poids d'un corps assujetti à la corruption et leur fasse éprouver une multitude de calamités et de tortures. Car il n'est pas possible de compter tous les maux que souffrent les enfants : la fièvre, la toux, là feigne, les douleurs de chaque membre en particulier, le flux de ventre; les vers intestinaux et une multitude innombrable d'autres engendrés par la chair elle-même; l'amertume des remèdes plus douloureuse que les maladies; enfin les blessures accidentelles à l'extérieur, les corrections corporelles, les agitations qui fout l'oeuvre du démon. Vous cependant, sages hérétiques, plutôt que de reconnaître l'existence du péché originel, vous êtes prêts à déclarer que le paradis était rempli de fleurs de ce genre. Car, si vous ne dites pas que ces maux ont dû exister dans le paradis, je vous demanderai pourquoi les enfants qui, suivant vous, ne sont coupables d'aucun péché absolument, y sont assujettis. Si, au contraire, vous ne rougissez pas de dire que ces maux ont du exister dans le paradis , avons-nous besoin nous-mêmes de dire quelle sorte de chrétiens vous êtes?
