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Jul. Quant à cette maxime, déjà pulvérisée dans un de mes ouvrages précédents[^2], et formulée ainsi par toi : « Les mouvements de la passion charnelle ne sont pas toujours volontaires, puisque cette passion agit parfois malgré les résistances de la volonté[^3] » ; quant à cette maxime, dis-je, qui est une accusation dirigée, contre l'orgueil. avec lequel cette passion agit malgré les résistances de la -volonté, elle avait été enseignée par Manès, non-seulement en substance, .mais presque dans les mêmes termes. Car, après nous avoir reproché d'enseigner que Dieu est l'auteur des hommes dont nous reconnaissons que la procréation est l'oeuvre de la concupiscence charnelle, il ajoute : « Ces insensés prétendent que Dieu crée ce qu'ils savent d'une manière absolument indubitable être engendré par la concupiscence, toutes les fois qu'ils accomplissent l'oeuvre de la chair malgré eux ».
Aug. Mais Manès ne comprend pas que Dieu peut, de ce qu'il y a de mauvais dans l'homme, former ce qu'il y a de bon dans ce même homme; et que celui-ci à son tour peut, en restant dans les limites de la pudeur conjugale, faire un bon usage de cette chose mauvaise à laquelle on doit résister toutes les fois qu'elle nous porte à des turpitudes criminelles. Du reste, toi qui nies que cette chose mauvaise soit mauvaise réellement, pourquoi résistes-tu à ses suggestions, de peur que ta réputation ne soit flétrie ; et pourquoi ne pourrais-tu plus échapper au déshonneur par le fait seul que tu obéirais à ces suggestions?
Dans l'ouvrage adressé à Turbantius.
Du Mariage et de la Conc., liv. I, n. 7.
