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Jul. Toutefois, cette grâce reçoit aussi le nom de remède parce que, sans blesser les lois de l'équité, elle rend les adultes bons, de méchants qu'ils étaient; mais à l'égard des enfants qui sont créés bons par Dieu, elle les rend meilleurs, en ce sens qu'elle les renouvelle et leur procure le bienfait de l'adoption.
Aug. Conséquemment, cette maxime enseignée par Jésus lui-même : a Ce ne sont point a ceux qui se portent bien, mais ceux qui sont a malades, qui ont besoin de médecin u; cette maxime, dis-je, en tant qu'elle se rapporte au remède que les chrétiens seuls reçoivent du Christ, cesse d'être vraie dès qu'on l'applique aux enfants, puisque, d'une part, vous enseignez que la condition des enfants est parfaitement saine et que, d'autre part, pour échapper à l'odieux qui s'attache à une pareille doctrine, vous ajoutez que ces enfants ont besoin du remède offert aux autres chrétiens. Mais comment le Christ peut-il renouveler des hommes encore tout nouveaux, des hommes qui viennent à peine de naître, si ceux-ci n'ont pas contracté la souillure du péché antique? Diras-tu qu'une chose qui n'a pas encore vieilli peut être renouvelée, lorsque tu lis dans l'Epître aux Hébreux ces paroles : «Quand il a appelé cette alliance une alliance nouvelle, il a montré que la première avait vieilli[^1]? » Dis-nous donc en quel sens les nouveau-nés peuvent être appelés vieux, puisque tu les déclares exempts de la souillure du péché antique. Et cependant, pour ne pas soulever contre toi l'indignation des chrétiens véritables, tu feins de croire que les enfants sont renouvelés par le Christ ! Enfin, être guéri et être renouvelé sont deux choses tout à fait différentes : pour guérir quelqu'un, il faut lui appliquer des remèdes; pour le renouveler, il faut le rétablir dans sa condition primitive. Il est donc manifeste que, d'après vos principes hérétiques, le remède offert par Jésus-Christ aux Chrétiens n'est en aucune manière nécessaire aux enfants.
- Hébr. VIII, 13.
