14.
Jul. Voyons cependant quelle est celle de mes maximes que tu as choisie pour la qualifier de maxime fausse et mensongère. « Mais », dis-tu, « quoique Julien s'exprimât librement sur toutes ces choses, il n'a point voulu nommer la concupiscence de la chair, qui ne vient point du Père, mais du monde; de ce monde dont le démon a été appelé le prince. Le démon, en effet, n'a point trouvé cette concupiscence dans le Seigneur fait homme, parce qu'elle n'avait point présidé à l'union de ce même Seigneur avec la nature humaine[^1]». Tu as affirmé que j'introduis une doctrine hérétique et tu ne cites aucune de mes paroles à l'appui de cette affirmation.
Aug. Je cite ces paroles ou plutôt cette question que tu m'as adressée : « Qu'y a-t-il dans les organes de la chair dont le démon puisse revendiquer la propriété?» Tu obéissais en écrivant ces mots à une pensée de fourberie : tu avais présente aux yeux de ton esprit cette concupiscence de la chair aux mouvements de laquelle les personnes mariées elles-mêmes sont souvent obligées de résister, si elles veulent demeurer chastes; et, au lieu de prononcer ce mot, tu me pressais par une interrogation insidieuse et hypocrite, comme s'il n'avait pas été possible de répondre à ta question. Ou bien, si tu ne voyais pas cette concupiscence, tu introduisais votre hérésie par le fait même de ton aveuglement.
- Du Mariage et de la Conc., liv. II, n. 14.
