65.
Jul. « Mais », ajoutes-tu, « notre adversaire n'a point voulu nommer la concupiscence de la chair; un sentiment de pudeur a enchaîne sa langue, ou plutôt, par une manière tout à fait singulière et, si l'on peut s'exprimer ainsi, par une manière tout à fait impudente d'observer les lois de la pudeur, il a honte de nommer ce dont il n'a pas honte de faire l'éloge[^1] ». Il te déplaît donc que nous sachions, suivant les expressions de l'Apôtre , couvrir avec plus de soin les membres de notre corps qui sont les moins honnêtes[^2]; parce qu'en agissant ainsi nous nous conformons aux desseins du Créateur qui a voulu que nous couvrions avec le soin le plus circonspect ce qu'il a placé dans l'endroit le plus secret de notre corps.
Aug. Tu parles ici un langage plus que singulier: Adam et Eve, dis-tu, se conformèrent aux desseins du Créateur, quand ils abandonnèrent le précepte qu'il leur avait donné pour suivre les conseils du séducteur. Avant qu'ils eussent commis cette action mauvaise, alors qu'ils étaient encore dans un état de droiture et de sainteté parfaite, ils ne suivaient donc pas les conseils du Créateur, puisque, bien loin de se couvrir avec le soin le plus circonspect, ils laissaient dans un état de nudité absolue ce que le même Créateur a placé dans l'endroit le plus secret du corps humain? O homme impudent, faire l'éloge de ce que les auteurs du genre humain ressentirent en eux-mêmes le jour où ils rougirent pour la première fois, c'est se rendre plus coupable que de le dévoiler.
Du Mariage et de la Conc., liv. II. n. 17.
I Cor. XII, 23.
