22.
Valens, voyant que les Scythes ravageaient toute la Thrace, résolut d’envoyer d’abord contre eux la meilleure cavalerie qu’il avait amenée d’Orient. Leur ayant donc donné le mot du guet, il les fit partir par bandes séparées. Ceux-ci ayant trouvé des Scythes dispersés de côté et d’autre, en tuèrent plusieurs, dont ils apportaient chaque jour les tètes à Constantinople. Les Scythes ayant reconnu qu’il leur était difficile de surmonter la vitesse des chevaux des Sarrasins, et de parer les coups de lance eurent recours au stratagème de se cacher dans les endroits creux, pour ne les attaquer que quand ils seraient trois contre un. Mais les Sarrasins se servirent si heureusement de la vitesse et de l’adresse de leurs chevaux, pour se retirer lorsqu’ils se trouvèrent les plus faibles en nombre, et pour aller à la charge lorsqu’ils en eurent l’occasion, que les Scythes, désespérant de se défendre, aimèrent presque mieux repasser le Danube, et se rendre aux Huns que de périr par les armes des Sarrasins. Leur retraite des environs de Constantinople donna moyen à l’empereur de faire avancer son armée. Pendant qu’il songeait aux moyens de continuer la guerre contre une si formidable multitude de Barbares, et que d’ailleurs il ne savait comment s’opposer à l’injustice des officiers, n’osant les déposer en un temps si plein de troubles, et n’en ayant point de meilleurs à mettre en leur place, Sébastien ennuyé de voir que les empereurs d’Occident n’étaient capables dans leur jeunesse d’aucune bonne résolution, et qu’ils se laissaient conduire par des eunuques, quitta l’Occident, et vint à Constantinople.
