59.
Les armes de Théodose ayant eu un succès si favorable, il alla à Rome, où il déclara Honorius, son fils, empereur, et Stilicon général des troupes de ce pays-là, et tuteur du jeune prince.
Ayant ensuite assemblé le sénat, qui demeurait ferme dans la religion de ses pères, et qui ne s’était jamais joint à ceux qui méprisent les Dieux, il fit un discours pour les exhorter à renoncer à leur vieille erreur, comme il l’appelait, et à embrasser la foi chrétienne, par laquelle les hommes sont lavés de toutes leurs taches et délivrés de tous leurs crimes. Personne ne s’étant rendu à ses persuasions, et personne n’ayant voulu préférer un nouvel établissement à un culte qui était aussi ancien que la ville, et qui l’avait rendue florissant l’espace de mille deux cents ans, pour en prendre un autre dont on ne savait quel serait le fruit, il dit que le public était chargé des frais des sacrifices, qu’il ne voulait plus faire une dépense dont il n’approuvait pas le sujet, et que les fonds qu’elle consommait lui étaient nécessaires pour subvenir aux besoins des gens de guerre. Le sénat repartit que les sacrifices ne pouvaient être faits de la manière qu’ils le devaient, à moins que la dépense n’en fût faite par le public. Mais nonobstant ses remontrances, ils furent abolis et toutes les traditions anciennes négligées, ce qui fut cause de la décadence de l’empire, de l’invasion des Barbares, de a désolation des provinces, de ce changement si déplorable de la force de l’empire, qu’on ne peut seulement pies reconnaître le lieu où étaient autrefois les villes les plus célèbres. Le récit que nous ferons du détail des affaires découvrira plus clairement la vérité de ce que j’avance.
Théodose ayant donné à Honorius, son fils, l’Italie, l’Espagne, les Gaules, l’Afrique, partit pour retourner à Constantinople, et mourut en chemin de maladie; son corps fut embaumé et mis à Constantinople dans le tombeau des princes ses prédécesseurs.
