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Quand Théodose eut reçu cette nouvelle, Galla, sa femme, remplit le palais de gémissements et de plaintes. Il en eut lui-même beaucoup de regret et d’inquiétude, considérant qu’il avait perdu un collègue qui était jeune et son allié, au lieu qu’il trouvait d’autres hommes qui d’un côté ne l’aimaient point, et qui de l’autre étaient invincibles, tant à cause de la hardiesse et de la valeur d’Arbogaste, que de l’érudition et de la vertu d’Eugène. Après avoir roulé longtemps ces pensées-là dans son esprit, il résolut d’exposer au sort des armes la fortune de l’empire, et se prépara sérieusement à la guerre. Il avait dessein de donner le commandement de la cavalerie à Rihomer, dont il avait éprouvé la valeur en plusieurs occasions: mais Rihomer étant mort dans le temps même, il fut obligé d’en choisir un autre. Pendant qu’il délibérait sur le choix, il lui vint une ambassade de la part d’Eugène, pour savoir s’il voulait approuver ou désapprouver sa proclamation. L’ambassadeur était Rufin, natif d’Athènes, qui n’apporta aucune lettre d’Arbogaste, ni ne fit aucune mention de lui. Comme l’empereur méditait sur la réponse qu’il avait à faire, voici ce qui lui survint.
