57.
L’empereur ne se mit pas fort en peine de ce différend, et les laissa battre, sans se soucier de les séparer.
Il trompa les ambassadeurs par des présents et par des paroles qui, en apparence, étaient pleines de modération; mais aussitôt qu’ils furent partis, il se prépara à la guerre. Or, étant persuadé, comme d’une vérité constante, qu’il n’y arien de si important que de choisir de bons officiers, il donna le commandement de l’armée à Timasius, et après lui à Stilicon, mari de Serena, fille du frère de l’empereur Théodose; celui des confédérés à Gaina et à Saulus, qui avaient encore pour collègue Bacurius, natif d’Arménie, homme d’une grande probité et qui ne manquait point de talents dans l’art de la guerre.
Après avoir choisi ces officiers, comme il se préparait à partir, il perdit l’impératrice, sa femme, qui mourut au milieu des douleurs de l’enfantement. Il prit un jour pour la pleurer, selon la loi qui est marquée par Homère, marcha à la tête de son armée, et laissa en sa place Arcadius, son fils, qu’il avait déjà déclaré empereur. Mais parce qu’il était encore jeune et qu’il ne pouvait pas avoir une prudence consommée, il lui donna Rufin, préfet du prétoire, pour exercer sous son nom tout ce qui dépend de l’autorité souveraine. Il emmena avec lui son plus jeune fils, passa à travers divers pays, et s’étant emparé du pas des Alpes, contre sa propre espérance, jeta par sa présence la frayeur dans le cœur d’Eugène.
