30.
Jul. Que prétends-tu donc persuader, quand tu auras lu de nouveau les Ecritures, ou quand tu auras nommé ceux qui partagent tes opinions abominables, toi qui ne peux pas encore donner une définition précise de ta doctrine ? A quoi te sert-il d'enseigner que le premier homme a commis un péché, puisque moi-même je ne le conteste nullement? Nous demandons comment, Adam étant mort depuis tant de siècles, le péché par suite duquel l'image de Dieu devient la propriété du démon, peut se trouver dans un petit enfant.
Aug. Pourquoi toi-même n'admets-tu pas dans le royaume de Dieu certaines âmes créées à l'image de celui-ci, bien que, même suivant toi, elles n'aient commis aucun péché ni mérité aucun châtiment? Pourquoi donne-t-on aux enfants comme breuvage, et afin qu'il soit pour eux un principe de vie, le sang qui a coulé d'une chair semblable à la chair du péché, et qui a été répandu pour la rémission des péchés, si ces enfants ne sont pas destinés à la mort par suite d'un péché qu'ils ont contracté dès leur origine? Si tu réprouves cet usage, nie ouvertement que le Christ se soit fait petit enfant; nie ouvertement qu'il soit mort pour les petits enfants, lui qui « seul est mort pour tous » ; d'où il faut conclure avec l'Apôtre: « Donc tous sont morts , et il est mort pour tous[^1] ». Déclare ouvertement que les petits enfants ne sont point morts, puisqu'ils n'ont aucun péché; déclare qu'ils n'ont pas besoin d'être baptisés dans la mort que le Christ à soufferte pour eux. Oui, exprime hautement ce que tu penses en secret; car ta manière de discuter trahit suffisamment tes sentiments réels : déclare, dis-je, que les enfants reçoivent en vain le sacrement qui les fait chrétiens ; mais alors, considère si tu dois revendiquer pour toi-même le titre de chrétien.
- II Cor. V, 14, 15.
