52.
Jul. Mais, pour traiter maintenant la question dont il s'agit, l'acte de la génération est attribué proprement aux organes qui l'accomplissent ; l'imitation, au contraire, est toujours une oeuvre de l'âme. Or, cette inclination de l'âme à imiter ce qu'elle, veut dans les limites de ses forces, est pour l'homme une cause de déshonneur ou un titre de gloire, suivant les circonstances : c'est ainsi qu'on dit que l'homme imite, en faisant le bien, Dieu, les anges et les Apôtres : Dieu : « Soyez parfaits comme votre Père est parfait[^6] » ; les anges : « Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel[^1] » ; les Apôtres : « Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Jésus-Christ[^2] ». Quand il fait le mal, au contraire, il imite le démon, suivant cette parole : «Ceux-là imitent le démon, qui appartiennent à son parti[^3] » ; il imite d'autres hommes : « Ne soyez point tristes comme les hypocrites qui affectent de paraître avec un visage défiguré[^4] » ; il imite les animaux : « Ne vous rendez pas semblables au cheval et au mulet, qui n'ont point d'intelligence[^5] ». Ainsi, ces paroles, tant celles qui exhortent que celles qui défendent avec menaces, prouvent l'existence de cette inclination à imiter, contre laquelle, assurément, si elle ne pouvait exister, il serait inutile de recommander à l'homme de se mettre en garde.
Aug. Mais le péché d'imitation, c'est-à-dire le péché que l'on devait commettre par des actes d'imitation, est entré dans le monde uniquement par celui qui a péché sans imiter personne, et que les antres devaient imiter ensuite en commettant le péché; et ceux-là, assurément, ce n'est point Adam, mais le démon. Car, en s'exprimant ainsi : « Est entré dans le monde », l'Apôtre désigne le commencement de ce péché : or, il est manifeste que ce commencement n'a pas été l'oeuvre de l'homme, mais l'oeuvre du démon, si nous voulons parler du -péché qui devait être imité ensuite par les autres pécheurs. Logiquement donc, il ne reste plus qu'à attribuer, non pas à un acte d'imitation, mais à l'acte même de la génération, le péché qui est entré dans le monde par un seul homme. Toutefois, nous rendons grâces à Dieu de ce que, vaincu un instant par l'éclat irrésistible de la vérité, et parlant contre votre erreur, tu as confessé que le bon vouloir, par lequel nous imitons les hommes, de «bien, doit être attribué, non pas aux forces de notre libre arbitre, mais au secours de Dieu : car tu as montré que nous ne devons pas espérer de pouvoir par nous-mêmes imiter les anges, mais que nous devons demander cette grâce au Seigneur, quand tu as cité ces paroles de l'Oraison dominicale : « Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel ».
Matt. V, 48.
Matt. VI, 10.
I Cor. XI, 1.
Sag. II, 25.
Matt. VI, 16.
Ps. XXXI, 9.
