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Jul. « Ce n'est donc pas en vertu de la loi que la promesse a été faite à Abraham d'avoir le monde pour héritage, mais c'est en vertu de la justice de la foi. Car, si ceux qui ont reçu la loi sont héritiers, la foi devient vaine et la promesse est détruite. La loi en effet opère la colère; et là où il n'y a point de loi il n'y a point non plus de prévarication. Ainsi, c'est à la foi qu'est attachée la promesse , afin que celle-ci soit gratuite et assurée à toute la postérité d'Abraham ; non-seulement à celle qui a reçu la loi, mais à celle qui imite la foi d'Abraham, lequel est le père de nous tous (suivant celte parole de l'Ecriture : Je t'ai établi père d'une multitude de nations) devant Dieu à qui il a cru comme à celui qui rend la vie aux morts et appelle les choses qui ne sont pas comme celles qui sont; Abraham, dis-je, qui espérant contre l'espérance même, crut qu'il deviendrait le père d'un grand nombre de nations suivant ce qui lui fut dit : Ainsi. sera ta postérité. Et, sans faiblir dans sa foi, il ne considéra point que son corps était déjà éteint, puisqu'il avait environ cent ans, ni que Sara ne pouvait plus enfanter ; il n'hésita point, en défiance de la promesse divine, mais il s'affermit dans la foi, rendant ainsi gloire à Dieu; pleinement assuré que tout ce que celui-ci a promis, il a le pouvoir de le faire : voilà pourquoi cela lui fut même imputé à justice[^3] »
Aug. Tu ne rougis pas de citer ces paroles, toi dont les attaques sont dirigées contre la grâce par laquelle ces promesses ont leur accomplissement? Vos paroles en effet sont un démenti donné à la parole divine, quand vous vous attribuez comme votre œuvre personnelle ce que Dieu a promis qu'il ferait lui-même. Car, Isaac, dont la naissance avait été l'objet de la promesse faite à Abraham, était la figure prophétique de ceux qui devaient, non pas s'élever par eux-mêmes, mais être élevés par Dieu à l'état de justice. De là ces paroles que le Seigneur adresse parla bouche du prophète à l'Eglise universelle : « Je suis le Seigneur, c'est moi qui te forme[^1] ». C'est pour cela aussi que les justes sont appelés enfants de la promesse, dans ce passage de l'Apôtre tout à fait explicite : « La parole de Dieu ne peut rester sans effet; mais tous ceux qui descendent d'Israël ne sont pas Israélites; tous ceux qui appartiennent à la race d'Abraham ne sont pas pour cela ses enfants; mais c'est en Isaac que sera ta postérité ; en d'autres termes, ce ne sont point les enfants selon la chair qui sont enfants de Dieu, mais ce sont les enfants de la promesse qui sont comptés dans la postérité[^2] ». Ainsi, ce que Dieu a promis de faire, il l'accomplit. Et de même que tous ces témoignages sont un appui inébranlable pour ceux dont l'espérance repose sur Dieu, de même aussi ils confondent ceux qui mettent leur confiance dans leurs propres forces [^4]; et conséquemment, de même qu'ils sont un appui inébranlable pour la foi catholique, de même aussi ils sont une réfutation sans réplique de l'erreur pélagienne.
Id. IV, 13-22.
Isa. XLV, 8, suiv. les Sept.
Rom. IX, 6-8.
Ps. XLVIII, 7.
