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Jul. « C'est pourquoi., de même que le péché est entré dans ce monde par un seul homme, et par le péché la mort ; de même aussi la mort a passé dans tous les hommes par celui en qui tous ont péché[^2] ». Afin de réprimer l'orgueil des Juifs, qui prétendaient que le privilège de la sainteté avait été accordé à leur race avec celui de la loi, et qui regardaient par là- même les Gentils comme ayant un besoin plus pressant de recevoir le pardon de leurs péchés; l'Apôtre attaque la perversité de la conduite de l'homme, et il s'élève contre la multitude de ceux qui ont péché dans les siècles passés ; il veut que la puissance souveraine avec laquelle l'iniquité a régné sur ce monde ressorte du fait même de l'antiquité de son empire; il montre combien étaient multipliés les crimes que la grâce de Jésus-Christ avait effacés, et dans quel état d'assoupissement-ils avaient plongé l'humanité, alors que la dépravation des parents les transmettait aux enfants par la voie d'une imitation constante. C'est pour cela qu'il rappelle la mémoire du premier homme ; non pas que le péché eût, commencé par Adam, car il est certain que la femme fut coupable avant lui; mais parce que, en vertu de la dignité attachée à son sexe, la responsabilité du mauvais exemple retombait sur lui; par cet homme donc « le péché est entré, et par le péché la mort », celle sans doute dont les pécheurs sont menacés, en d'autres termes, la mort éternelle; «et ainsi », dit-il, « la mort a passé dans tous les hommes par celui en qui tous ont péché; ». Il montre clairement ici de quelle manière cette mort a été transmise à la postérité d'Adam; cette transmission est accomplie par voie d'imitation, et non point par voie de génération.
Aug. Tu as déjà reçu une réponse touchant la question de savoir pourquoi l'Apôtre, au lieu de parler de la femme par laquelle le péché a commencé d'exister, se borne à parler d'un seul homme; il s'exprimait ainsi, ou bien pour faire entendre que ces mots désignaient à la fois l'un et l'autre à cause de l'unité de chair qui existait entre eux, ou bien parce que, l'acte de la génération commençant dans la personne de l'homme, il voulait nous enseigner que le péché est entré dans le monde par cette même génération. Mais, puisque suivant vous, dont la poitrine recèle un coeur humain, la mort, qui est la compagne inséparable du péché, a été transmise à la postérité par voie d'imitation, et non point par voie de génération; pourquoi ne déclarez-vous pas hautement que les enfants ne doivent pas être baptisés en Jésus-Christ? Car, s'ils doivent recevoir ce baptême, tous ceux qui sont baptisés en Jésus-Christ étant baptisés dans sa mort, il est manifeste que, eux aussi, ils meurent au péché: car, la raison que l'Apôtre a mise en avant pour établir que nous sommes morts au péché, c'est que nous avons été baptisés dans la mort de Jésus-Christ. Après avoir dit : « Si nous sommes morts au péché, comment vivrons-nous encore dans le péché ? » il ajoute aussitôt, pour montrer que nous sommes morts au péché : « Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons été baptisés dans sa mort? » Or, quiconque est exempt de péché, ne saurait par là même mourir au péché dans le baptême ;tout homme au contraire qui, en recevant le baptême, ne meurt pas au péché, n'est point baptisé dans la mort de Jésus-Christ; d'où il suit qu'il n'est point baptisé en Jésus-Christ. Pourquoi hésitez-vous encore ? Ouvrez librement vos enfers; qu'ils se rangent librement parmi vos disciples, ceux qui ne veulent pas que leurs enfants frappés de la mort du péché, soient rendus à la vie par le baptême.
- Id. V, 12.
