186.
Jul. D'où. il suit que ceux à qui la loi n'a pas été donnée, ne doivent pas être regardés comme transgresseurs de préceptes; mais leur culpabilité n'en est pas moins incontestable, puisque, sans tenir compte des maximes de la raison, dont la lumière brille dans la conscience personnelle de chacun, ils ont foulé aux pieds les droits de la société humaine ou les lois de la pudeur; c'est pour. quoi il est dit qu'ils ont péché en imitant un autre homme, non pas cependant en transgressant la loi, puisque celle-ci n'était pas encore promulguée à cette époque. Le péché donc , et non pas la prévarication, a existé jusqu'à la loi ; depuis la loi, au contraire, non-seulement le péché, mais la prévarication même a existé. La mort , elle aussi, a régné; cette mort éternelle dont Dieu avait menacé expressément de frapper le premier homme, s'il commettait le péché. Cette mort, dis-je, qui est due au péché, cette mort qui est un châtiment, a régné avant la loi en ceux qui ont commis le péché, par exemple, dans les habitants de Sodome et dans ceux qui, au temps du déluge ou à différentes époques, ont péri d'une manière violente à cause de leurs iniquités, volontaires toutefois; elle a régné aussi depuis la loi, en ceux qu'elle a trouvés coupables de prévarication.
Aug. Suivant toi, la mort qui est un châtiment, c'est la mort éternelle seule ; mais si la mort, qui est la séparation de l'âme et du corps, n'est pas un châtiment, pourquoi est-elle un objet de frayeur pour la nature, pour cette nature que tu déclares n'être pas corrompue? Pourquoi l'enfant, dès qu'il commence un peu à sortir du premier âge, est-il déjà saisi d'effroi en pensant qu'il peut être tué? Pourquoi ne nous sentons-nous pas portés à la mort comme au sommeil, par une inclination naturelle? Pourquoi regarde-t-on comme de grands hommes ceux qui ne craignent pas la mort, et pourquoi ceux-ci sont-ils si rares? Pourquoi celui-là même qui déclarait avoir un désir ardent d'être dissous et réuni ensuite à Jésus-Christ[^1], pourquoi cependant ne veut-il pas être dépouillé, mais revêtu d'un vêtement nouveau, afin que ce qui est mortel en lui, soit absorbé par la vie[^2]? Pourquoi a-t-il été dit à Pierre, au sujet précisément de sa fin glorieuse : « Un autre te ceindra et, te conduira là où tu ne veux pas[^3]? » Si donc c'est en vain que l'on craint la mort, cette crainte elle-même est déjà un châtiment ; mais si, de plus, l'âme éprouve une répugnance naturelle à être séparée du corps, la mort, elle aussi, est un châtiment, quoique, avec le secours de la grâce divine, nous puissions en faire un bon usage.
Philipp. I, 23.
II Cor. V, 4.
Jean , XXI, 18.
