36.
Jul. Tout homme éclairé qui lit nos oeuvres , comprend que tu abuses de l'ignorance des personnes qui te protègent et que tu te retranches derrière des équivoques de langage. Quant au reste du vulgaire, dont le Prophète disait en s'adressant à Dieu : « Vous avez estimé les hommes comme les poissons de la mer[^3] » ; ils se laissent tromper par ceux d'entre eux qui adoptent les premiers une opinion; incapables de faire par eux-mêmes un discernement salutaire, ils pensent qu'il peut y avoir une liaison réelle entre toutes les choses dont ils voient les noms rapprochés. Pour comprendre quelles sont les conséquences d'un principe, pour saisir la contradiction qui existe entre deux autres principes, pour découvrir les conclusions que les lois immuables et tout à fait dignes de respect de la logique obligent à déduire de chaque proposition accordée, il faut être à la fois très-instruit et très-attentif.
Aug. Tu t'égares encore à la recherche des dialecticiens, et tu fuis toujours les juges ecclésiastiques. Dis-nous donc ici comment on doit entendre ces paroles : « Le péché est entré dans le monde par un seul homme» ; puisque tu les comprends mieux que celui qui a dit : « Tous meurent en Adam » ; car le péché est entré dans ce monde par un seul homme, et par le péché la mort; et ainsi le péché a passé dans tous les hommes par celui en qui tous ont péché[^4]. « La faute du premier homme est donc la mort de tous les hommes; ». Le même auteur dit encore en un autre endroit : « Adam a existé, et nous avons tous existé en lui; Adam a péri, et tous ont péri en lui[^1] ». C'est Ambroise qui parle ainsi, non pas un homme quelconque du vulgaire, de cette multitude ignorante que tu méprises avec une fierté trop hautaine et avec une audace trop impudente, sous prétexte qu'elle n'est pas capable de porter un jugement sur tes discussions; Ambroise, dis-je, que tu n'égales dans aucune branche des sciences humaines dont cependant tu te glorifies avec tant d'orgueil; et si tu veux savoir combien il est avancé dans les sciences ecclésiastiques, écoute ou du moins lis Pélage ton docteur, et cesse de t'attacher à une doctrine qui est en opposition avec la doctrine d'un tel maître.
Habac. I, 14.
Ambr. Liv. IV sur saint Luc, IV, 38.
Liv. VII, sur saint Luc, XV, 24.
