CHAPITRE XVI. EXPLICATION DE CE MÊME PASSAGE DE SAINT JACQUES.
17. Après nous avoir vivement décrit le mal que fait la langue, après s'être écrié antes frères , de telles choses ne doivent « point avoir lieu », l'Apôtre saint Jacques indique aussitôt le secours à l'aide duquel on pourra résister au mal qu'il vient de signaler. « Y a-t-il parmi vous quelqu'un qui soit sage et savant? Qu'il fasse paraître ses oeuvres dans la suite d'une bonne vie, avec une sagesse pleine de douceur. Mais si vous avez dans le coeur une jalousie pleine d'amertume et un esprit de contention, ne vous glorifiez point et ne mentez point contre la vérité. Car ce n'est point là la sagesse qui vient d'en haut, mais c'est une sagesse terrestre, animale et diabolique. « Car où il y a de la jalousie et un esprit de contention, il y a aussi du trouble et toute a sorte de mal. Quant à la sagesse qui vient d'en haut, elle est premièrement chaste, puis amie de la paix, modérée, docile, susceptible de tout bien, pleine de miséricorde et de fruits de bonnes oeuvres; elle ne juge point, elle n'est point dissimulée1 ». Telle est la sagesse qui dompte la langue, sagesse descendant du ciel et n'ayant point sa source dans le coeur humain. Qui donc oserait ne pas attribuer cette sagesse à la grâce de Dieu et l'attribuer orgueilleusement au pouvoir de l'homme? S'il ne dépend que de l'homme de la posséder, pourquoi donc est-elle le premier objet de nos prières? Doit-on s'interdire de la demander pour ne pas faire injure au libre arbitre qui trouverait dans ses forces naturelles le moyen d'accomplir les préceptes de la justice? Qu'on ose enfin démentir l'apôtre saint Jacques nous criant à tous : « Si quelqu'un de vous a besoin de la sagesse, qu'il la demande à Dieu, qui donne à tous libéralement sans reprocher ses dons, et la sagesse lui sera accordée ; mais qu'il la demande avec foi, sans défiance2 ». Telle est la foi à laquelle nous poussent les préceptes
la loi commande, mais la foi obtient ce qui est commandé. Si « nous faisons tous beaucoup de fautes3 », c'est par cette langue qu'aucun des hommes ne peut dompter et qui ne peut l'être que par la sagesse descendant du ciel. D'ailleurs ce dernier passage, dans la pensée de l'Apôtre, n'est que la reproduction sous une autre forme de ces premières paroles : « Aucun homme ne peut dompter sa langue ».
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