CHAPITRE XXXIX. CONTINUATION DU MÊME SUJET.
46. Notre auteur conclut par cette grande maxime : « Croyons donc ce que nous lisons, et ce que nous ne lisons pas, regardons comme un crime de l'affirmer ». A cette affirmation, voici celle que j'oppose : Nous ne devons pas croire tout ce que nous lisons, comme le prouve cette parole de l'Apôtre : « Lisez tout, ne conservez que ce qui est bon1 »; et ce n'est pas toujours un crime d'affirmer ce que nous n'avons pas lu. En effet, ce que nous avons éprouvé nous-mêmes, nous pouvons l'affirmer de bonne foi comme témoins, lors même que nous n'aurions trouvé nulle part l'occasion de le lire. L'auteur va sans doute me répondre: « En formulant ma proposition, j'entendais ne parler que des saintes Ecritures ». Plaise à Dieu qu'il n'affirme jamais, non pas ce qu'il a lu dans les saintes Ecritures, mais rien de contraire à ce qu'il y a lu ! Alors, en effet, il recueillerait avec autant de fidélité que d'obéissance ces paroles si formelles : « Le péché est entré dans le monde par un seul homme, et la mort par le péché, et c'est ainsi que la mort est passée dans tous les hommes par celui en qui tous ont péché2 ». S'il acceptait fidèlement cette parole, il cesserait d'affaiblir la grâce du suprême Médecin en refusant d'avouer la déchéance de la nature humaine. Plaise à Dieu qu'il lise, comme tout chrétien doit le faire, qu'en dehors de Jésus-Christ il n'est aucun nom sous le ciel par qui nous puissions trouver le salut3 ! Il cesserait alors d'exalter la puissance de la nature humaine, jusqu'à soutenir que, par les seules forces de son libre arbitre, l'homme peut être sauvé sans la grâce dont ce nom est pour nous l'unique principe.
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