CHAPITRE L. LES SAINTS ET LES JUSTES RÉSISTENT A LA GRACE.
58. Voyez ce qu'il ajoute sous forme de preuve: « Aucune volonté ne peut détruire ce qui a été inséparablement gravé dans la nature». D'où vient donc cette parole; « Afin que vous ne fassiez pas ce que vous voulez1 ? » Et cette autre : « Je ne fais pas le bien que je veux, mais je fais le mal que je hais ? » Qu'est devenue cette possibilité inséparablement gravée dans la nature ? Voici que les hommes font ce qu'ils ne veulent pas; et c'est bien du péché qu'il s’agit, et non pas du pouvoir de s'élancer dans les airs; car l'Apôtre s'adressait à des hommes et non pas à des oiseaux. Voilà l'homme ne faisant pas le bien qu'il veut, et faisant le mal qu'il ne veut pas ; car « il y a » en lui « la volonté de faire le bien, mais il n'a pas le moyen de l’accomplir2 ». Qu'est devenue cette possibilité inséparablement gravée dans la nature? Si vous niez que l'Apôtre ait pu dire cela de lui. même, peu importe du reste; car toujours est-il qu'il l'a dit de l'homme. Or, il refuse à la nature humaine cette inséparable possibilité de ne pas pécher. Tel est le sens immédiat de ces paroles, et si la portée de ces mots est ignorée de celui qui parle, elle ne l'est point de celui qui, s'adressant à des fidèles trop peu défiants, ne tend à rien moins qu'à détruire la grâce de Jésus-Christ, en proclamant que la nature humaine se suffit à elle-même pour posséder la justice.
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