CHAPITRE XLI. EXPLICATION DE QUELQUES PAROLES DE L'APÔTRE.
48. L'Apôtre avait dit d'une manière absolue : « Tous ont péché1 », et il est clair qu'il « parlait de ceux qui existaient alors, c'est-à-dire des Juifs et des Gentils ». Il dit de même : « Le péché est entré dans le monde par un seul homme, et la mort par le péché, et c'est ainsi que la mort est passée dans tous les hommes par celui en qui tous ont péché » ; or il est manifeste que ces paroles s'appliquent à tous les hommes sans aucune distinction, aux anciens comme aux modernes, à nous et à nos descendants. Mais voici un autre témoignage dans lequel le mot « tous », également employé, n'est pas tellement exclusif qu'il ne puisse subir quelques exceptions : « Comme c'est par le péché d'un seul que tous les hommes sont tombés dans la condamnation, de même c'est par la justice d'un seul que tous les hommes reçoivent la justification de la vie ». « Or », dit notre auteur, « il n'est pas douteux que la justice de Jésus-Christ ne sanctifie pas tous les hommes, mais uniquement ceux qui ont bien voulu lui obéir et qui ont été purifiés par le bain du Baptême ». Eh bien ! qu'il me permette de lui dire que ce passage ne lui suffit pas pour prouver ce qu'il avance. En effet, de même qu'on ne saurait admettre d'exception dans les paroles suivantes : « Comme c'est par le péché d'un seul que tous les hommes sont tombés dans la condamnation », de même pourquoi en admettre dans ces autres paroles: « C'est par la justice d'un seul que tous les hommes reçoivent la justification de la vie 2? » Ces paroles, sans doute, ne signifient pas que tous croient en Jésus-Christ et sont purifiés dans le bain du Baptême; mais elles affirment d'une manière absolue que personne n'est justifié s'il ne croit en Jésus Christ et n'est purifié dans son Baptême. Ce mot « tous » est donc employé pour nous faire comprendre que personne ne peut être sauvé que par Jésus-Christ. Supposé qu'il n'y eût qu'un seul maître de belles-lettres dans une ville, nous serions parfaitement en droit de dire que ce maître enseigne à tous les belles lettres ; ce qui signifierait, non pas que tous les habitants apprennent les belles-lettres, mais seulement qu'il n'y a pour les apprendre que celui à qui ce maître les enseigne. De même disons-nous que personne n'est justifié si ce n'est celui que Jésus-Christ a justifié.
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