CHAPITRE XLVIII. LE SECOURS DE LA GRACE DANS L'INTÉGRITÉ DE LA NATURE.
56. Toutes ces comparaisons sont fausses et le principe qui les lui inspirait est une erreur. Il continue : « On doit en dire autant de la possibilité de ne pas pécher; car il dépend de nous de ne pas pécher, mais il ne dépend pas de nous de pouvoir ne pas pécher ». S'il parlait de la nature humaine dans toute son intégrité native, je comprendrais encore ; mais cette, intégrité est perdue pour nous. « Car nous ne sommes encore sauvés qu'en espérance, et l'espérance qui se voit n'est plus l'espérance ; si donc nous espérons ce que nous ne voyons pas encore, nous l'attendons avec patience1 ». Cependant, même en parlant de la nature humaine, telle qu'elle était à l'origine, il ne serait pas encore exact de dire qu'il ne dépend que de nous de ne pas pécher, quoique le péché soit notre oeuvre propre; car avant sa déchéance l'homme recevait le secours de Dieu, et le Seigneur aurait été pour les hommes de bonne volonté ce qu'est la lumière pour nos yeux. Mais notre auteur parle de notre état actuel, où le corps qui se corrompt appesantit l'âme et où cette dépouille terrestre abat l'esprit et le trouble de mille soins2. Voilà pourquoi je ne puis assez m'étonner que, rejetant tout secours de notre Sauveur, il ose penser qu'il dépend de nous de ne pas pécher, tandis que s'il s'agit du pouvoir même de ne pas pécher, il l'attribue à cette nature qui apparaît si manifestement viciée, qu'il faut être arrivé au comble de la déchéance, pour ne pas voir cette déchéance même.
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