CHAPITRE XLIII. DIEU NE COMMANDE PAS L'IMPOSSIBLE.
50. Je ne puis qu'approuver ce qu'ajoute notre auteur : « Dieu, qui est aussi bon qu'il est juste, a créé l'homme capable, s'il l'eût voulu, de ne point connaître le mal du péché ». En effet, personne n'ignore que l'homme a été créé sain, innocent, doué du libre arbitre et pouvant vivre dans la justice. Mais il s'agit aujourd'hui de l'homme déchu, laissé sur la voie à demi-mort par les voleurs, et qui, percé de graves blessures, ne peut plus remonter au sommet de la justice, comme il a pu en descendre; heureux est-il s'il a été recueilli dans l'hôtellerie pour y être guéri1. Ainsi donc Dieu ne commande pas, l'impossible, mais en nous commandant, il nous avertit de faire ce que nous pouvons et de demander ce que nous ne pouvons pas. Reste à savoir la cause pour laquelle nous pouvons et celle pour laquelle nous ne pouvons pas. Notre auteur répond : « Ce n'est point parla volonté que la nature peut ». Et moi je dis: A la vérité, c'est par sa volonté que l'homme n'est point juste, si la nature peut le rendre tel ; mais il obtiendra du remède ce qu'il ne pouvait obtenir de la maladie.
Luc, X, 30, 34. ↩
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